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Un dernier défi avec une bande de copains: dans la petite salle de Biscarrosse, Boris Diaw, l'ancien capitaine de l'équipe de France, a rechaussé ses baskets pour réaliser "un rêve" de gamin, "jouer la Coupe du monde des Landes".
Cette coupe amateur oppose l'ensemble des équipes du département. Portée par d'historiques rivalités de villages, elle suscite un engouement difficile à contenter.
Autrefois jouées dans des petites arènes couvertes, prises d'assaut et vite saturées en fumigènes, les finales hommes et femmes seront déplacées cette année dans les arènes de Mont-de-Marsan, temple de la corrida.
Elles devraient réunir 8.000 personnes, soit deux fois plus de spectateurs que la moyenne des rencontres de la Ligue professionnelle française.
"Quand on grandit ici, on ne parle que de ça. J'ai toujours voulu la jouer mais ma carrière a donné un autre chemin", raconte à l'AFP Boris Diaw, 41 ans, la voix couverte par le son des bandas, après son premier match dans la compétition.
"La seule occasion c'était maintenant, à la retraite, en revenant avec une bandes de potes", explique l'ex-champion NBA, entouré d'équipiers rencontrés lors des années sports-études à Mont-de-Marsan.
Cédric Beesley, ami de toujours et ancien professionnel formé avec Diaw à Pau-Orthez, se souvient de rencontres disputées jadis avec les Espoirs contre les équipes locales: "Boris goûtait à l'ambiance mais sans jouer car il était déjà pro... ça le frustrait beaucoup."
- Un huitième de finale contre le Real -
En 2014, quand Diaw fut sacré en NBA, Frédéric Fauthoux, septuple champion de France avec Pau - dont deux fois avec Diaw - et vainqueur du trophée landais, raconte avoir remué le couteau dans la plaie.
"Il te manque le plus important: la Coupe des Landes", avait chambré la légende locale, aujourd'hui entraîneur pro.
Quelques tournées "aux fêtes de Bayonne" entre copains d'enfance, Diaw en tête, à la fin de carrière des uns et des autres ont fait le reste.
Cet été, les membres de la bande qui vit éparpillée entre Bordeaux, Arcachon et les Landes, reprennent leur licence à Biscarrosse, inscrit dans les tréfonds des divisions amateurs.
Cette équipe, initialement en effectif limité et proche du forfait, évolue désormais avec des gradins garnis de "people", dont l'astronaute Thomas Pesquet lors du premier tour en novembre, ou de gamins récoltant autographes et selfies.
Mais l'esprit jubilé s'arrête là. Car samedi en huitième de finale, la troupe affronte le tenant du titre, le Real Chalossais, pensionnaire de Nationale 3 (5e échelon national).
"Immense respect pour sa carrière extraordinaire ... mais on y va pour le battre, pas pour faire des photos de Boris et ses amis", prévient Benoît Ducasse, le président chalossais.
Son club, comme de nombreux autres équipes du département, est un groupement de plusieurs villages totalisant à peine 2.000 habitants, porté par une armée de bénévoles passionnés, qui organisent des repas festifs après les matches pour le financer.
Semi-professionnelles ou amatrices avec des "indemnités de déplacement" pour attirer les meilleurs joueurs qui "travaillent tous à côté", ces structures associatives misent une partie de leur saison sur cette compétition.
- Inéquité ? -
Et l'arrivée de la bande de l'ancienne star NBA a parfois suscité l'incompréhension.
Car la compétition, qui réunit jusqu'aux équipes de Nationale 2 offre des points bonus aux clubs des échelons inférieurs par souci d'équilibre.
Avec la petite équipe de Biscarrosse, en division 3 départementale, "la bande à Boris" - quasiment tous d'anciens pros ou semis-pros - partira ainsi avec 42 points d'avance contre le Real.
"Autant qu'on leur donne la Coupe", "ce sera mission impossible", ont réagi certaines figures locales dans le quotidien Sud Ouest.
Pour Benoît Ducasse, "ça fait râler mais c'est le règlement. Une équipe comme ça n'a pas le niveau de D3... On s'adaptera", avec des joueurs et supporters "surmotivés depuis le tirage".
Le procès en inéquité aurait pu gonfler davantage, car durant l'été, les noms d'anciennes vedettes "amies de Boris" - Ginobili, Turiaf, Piétrus - avaient circulé lors de "discussions arrosées", en rigole aujourd’hui Cédric Beesley.
Mais "on s'est raisonnés" pour ne faire "venir que des joueurs locaux à qui cette Coupe parle" et "donner du sens" à cette "aventure née autour du basket" et de l'amitié.
(L.Kaufmann--BBZ)