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La coalition au pouvoir au Japon a conforté sa majorité au Sénat lors d'élections dimanche marquées par l'assassinat deux jours plus tôt de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, pour lequel une veillée funèbre devait se tenir lundi soir à Tokyo.
Ce scrutin sans réel suspense a été largement éclipsé par l'attaque par balles vendredi lors d'un meeting électoral à Nara (ouest) de M. Abe, qui avait quitté le pouvoir en 2020 après avoir battu le record de longévité au poste de Premier ministre du Japon.
Un corbillard transportant le corps de M. Abe est arrivé lundi après-midi au temple bouddhiste Zojoji à Tokyo, où une veillée funèbre était prévue lundi soir en présence notamment de figures du monde politique et économique japonais.
De retour d'une tournée en Asie du Sud-Est, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a fait un crochet par Tokyo lundi pour rencontrer le Premier ministre Fumio Kishida et présenter personnellement ses condoléances ainsi que celle du président Joe Biden.
"Le peuple américain partage le sentiment de perte du peuple japonais", a déclaré M. Blinken, estimant que "durant son mandat, le Premier ministre Abe a fait plus que n'importe qui pour élever la relation entre les Etats-Unis et le Japon à de nouveaux sommets".
Le chef de la diplomatie américaine a précisé avoir remis à M. Kishida des lettres du président américain Joe Biden destinées à la famille de M. Abe.
- Secte Moon -
Son assassin présumé, arrêté sur les lieux de l'attaque, a été identifié par la police comme Tetsuya Yamagami, 41 ans, qui serait un ancien membre de la Force maritime d'autodéfense, la marine japonaise.
Selon des sources policières citées par des médias locaux, il aurait regardé sur YouTube des vidéos montrant comment fabriquer une arme à feu artisanale comme celle utilisée pour l'attaque.
Il a expliqué avoir délibérément visé M. Abe, disant en vouloir à une organisation à laquelle il pensait que cet homme politique était affilié. Des médias nippons avaient affirmé qu'il s'agissait d'une organisation religieuse à laquelle la mère de Mme Yamagami aurait versé des dons importants, mettant leur famille en grande difficulté financière.
L'Eglise de l'Unification, une organisation d'origine sud-coréenne également connue sous le nom de "secte Moon", a confirmé lundi au cours d'une conférence de presse à Tokyo que la mère du suspect faisait partie de ses fidèles.
La branche japonaise de cette secte n'a pas donné de détails sur les dons de la mère du suspect, disant vouloir "coopérer" à l'enquête policière en cours, et s'est dite horrifiée par l'assassinat de M. Abe, affirmant que celui-ci n'avait "jamais" été l'un de ses membres ou conseillers.
Les Japonais, encore sous le choc, ont voté dimanche pour renouveler la moitié de la Chambre haute du parlement, plébiscitant le Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) de M. Kishida, qui a jugé "important que les élections aient pu se tenir normalement" malgré ce contexte dramatique.
- "Super-majorité" potentielle -
La coalition formée par le PLD et son allié le Komeito a remporté une large victoire électorale, s'adjugeant 76 des 125 sièges en jeu dimanche contre 69 avant le scrutin, et contrôle désormais 146 des 248 sièges du Sénat, selon des résultats définitifs.
Avec deux autres partis avec lesquels des alliances sont envisageables sur certains points, le PLD et le Komeito disposent même d'une "super-majorité" des deux tiers du Sénat qui leur permettrait potentiellement d'ouvrir la voie à une révision de la Constitution pacifiste du Japon, dont rêvait Shinzo Abe, ancien leader du PLD.
M. Kishida a déclaré lundi que cette victoire électorale était une chance de "protéger le Japon" et de poursuivre l'action de M. Abe.
Il a aussi dit vouloir s'atteler à "approfondir le débat parlementaire sur la Constitution afin de pouvoir élaborer une proposition d'amendement concrète" en vue d'un référendum, alors que les différents partis divergent sur le contenu d'une éventuelle révision constitutionnelle.
M. Kishida a également promis de poursuivre son action sur les importants sujets que représentent pour le Japon la pandémie de Covid-19, l'invasion russe de l'Ukraine et l'inflation.
La principale force d'opposition, le Parti démocrate constitutionnel (PDC) de centre-gauche, ne s'est assuré que 17 sièges (six de moins qu'avant l'élection).
Trente-cinq femmes ont été par ailleurs élues dimanche, un record pour des élections à la Chambre haute japonaise. Le taux de participation était de 52%, contre 49% lors des précédentes élections sénatoriales en 2019.
La campagne électorale avait notamment été dominée par les hausses de prix dues à la flambée des coûts du pétrole et d'autres matières premières, et des risques concernant l'approvisionnement en électricité du Japon, alors que la canicule qui touche le pays depuis fin juin fait craindre des perturbations du réseau.
(G.Gruner--BBZ)