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Sous un soleil levant sur le sud-est de l'Angleterre lundi, trois bisons quittent un enclos pour un bois, leur nouveau domicile dans le cadre d'un ambitieux projet de réintroduction.
Le trio se met immédiatement à mâcher des feuilles d'arbres dans cette forêt proche de la ville de Canterbury.
C'est la première fois depuis des millénaires que le bison européen, plus gros mammifère terrestre et cousin le plus proche du bison des steppes qui arpentait autrefois la Grande-Bretagne, va de nouveau vivre en liberté.
Un événement "vraiment important", souligne Mark Habbe, du Wildwood Trust, à l'origine de ce projet.
"Ca n'aurait pas pu mieux se passer, il se sont retournés, nous ont regardés et ont disparu dans la forêt", décrit-il quelques instants après la réintroduction.
La bison femelle, une matriarche, accompagnée de deux plus jeunes femelles, vont à présent brouter, manger de l'écorce, abattre des arbres et se délecter de bains de poussière, retournant le sol des bois.
Leur présence sera à l'origine de multiples bienfaits, aidant d'autres espèces à créer leur habitats, alors que les bisons se font "ingénieurs de l'écosystème".
"Nous faisons ça pour restaurer l'environnement et restaurer la forêt anglaise et tout ce qui y prospère", explique M. Habben. "On ne veut pas utiliser de machines... utiliser des ressources indigènes des ingénieurs de l'écosystème comme nous aimons les appeler - sous la forme dans ce cas du bison européen - est exactement la bonne chose à faire."
La femelle bison, qui a vécu dans des enclos en Irlande et dans les Highlands écossais, sera rejointe par un taureau dans les prochains mois.
L'arrivée du mâle en provenance d'Allemagne a été retardée par les formalités post-Brexit pour l'importation d'animaux.
Le troupeau profitera dans un premier temps de 55 hectares de bois délimités, avant que leur espace ne soit porté à 200 hectares.
L'espoir est que l'arrivée du bison mâle augmente la taille du troupeau, le site pouvant accueillir jusqu'à 20 pensionnaires.
Les bisons seront prochainement rejoints par des races anciennes de poneys, de cochons ou de vaches.
"C'est un modèle pour ce que nous espérons déployer plus largement au Royaume-Uni", poursuit M. Habben.
Le dernier des bisons européens s'est éteint sur le continent en 1927, victime de la chasse et de la disparition de son habitat.
Cinquante individus ont été conservés en captivité, servant de base pour un programme d'élevage, selon les responsables du projet. Le trio qui vient d'élire domicile dans le Kent est issu de leur descendance.
L'un des autres objectifs du programme - dont le coût s'élève à 1,1 million de livres sterling (1,3 million d'euros) principalement financé par des dons privées, est d'aider les écosystèmes britanniques face au changement climatique et au déclin de la biodiversité.
La réintroduction coïncide avec un épisode de chaleur qui s'annonce inédit au Royaume-Uni, où des records de température risquent d'être dépassés.
Des circonstances qui selon Habben mettent en exergue la pertinence du projet. "C'est une histoire incroyable vraiment, que nous réintroduisons des bisons pour contribuer à restaurer les écosystèmes", pour au final, "on l'espère, avoir un impact sur le changement climatique".
(H.Schneide--BBZ)