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Des milliers de personnes patiemment recueillies en silence pour un dernier hommage à Elizabeth II: de Balmoral à Edimbourg, le cercueil de la reine traverse lentement dimanche cette campagne écossaise qu'elle aimait tant, un voyage de six heures.
Le cercueil a d'abord quitté la salle de bal du château, où la monarque reposait, porté jusqu'au corbillard par six garde-chasses du domaine. Derniers instants dans cette résidence de Balmoral, l'une des préférées d'Elizabeth II, où la reine avait pour habitude de passer une partie de l'été.
Le cortège démarre sous le soleil. A 10H00 (09H00GMT), le cercueil en chêne a passe les grilles de la propriété, recouvert de l'étendard royal écossais et une couronne de bruyères blanches, de dahlias et de pois de senteur, provenant toutes des jardins du domaine de Balmoral.
Le cortège composé de sept voitures passe lentement devant les bouquets déposés devant les grilles du domaine.
Dès que la nouvelle de la mort de la souveraine, immensément aimée dans son pays, est tombée jeudi, des locaux étaient venus lui rendre hommage. Ils ont été rejoints par d'autres venus de toute l'Ecosse et d'ailleurs.
"Elle est la seule reine que je connaitrai de toute ma vie", explique Nia Gray-Wannell, une scientifique qui vit dans le village voisin de Ballater.
Ballater a été le premier village traversé par le cortège. Des centaines de personnes ont pris place le long de la rue principale, beaucoup vêtues de noir. Membres du clergé, certains inclinés au passage du cercueil, et autorités locales en habits traditionnels écossais ont pris place devant l'église. Quelques fleurs ont été jetées au passage du convoi.
- "Solennité" -
Puis les villages se sont succédé. A Banchory, des applaudissement retentissent, une femme écrase une larme.
Le corbillard doit parcourir dans la journée près de 300 kilomètres à travers la campagne verdoyante écossaise.
Aux abord du palais de Holyroodhouse, résidence officielle du monarque en Ecosse à Edimbourg, la foule grossit en milieu de journée pour saluer le passage du cortège, attendu vers 15h00 GMT. Des policiers veillent, y compris des tireurs d'élite depuis les toits.
Assise depuis la fin de matinée sur un fauteuil de camping pliant vert, Lindsay Lewis, employée du service public de santé de 51 ans, attend pour rendre hommage à la reine.
"C'est très calme", observe-t-elle, "une drôle d'atmosphère", "un sentiment de solennité".
Nombreux sont ceux qui s'accrochent aux barrières pour garder jalousement leur emplacement, au son des conversations des passants, parfois recouvert par le passage d'un hélicoptère ou le bruit des sabots de la police montée.
- "La meilleure place" -
En kilt, Stuart Mckay, ancien soldat de la cavalerie de la reine à Londres de 66 ans, patiente non-loin de sa résidence pour vétérans qui jouxte l'artère.
"C'est l'Histoire, l'Histoire qui s'écrit", explique l'ancien militaire qui a pris part à nombre d'événements d'Etat. "On a vécu si longtemps avec la reine, 70 ans... C'est la seule monarque qu'on ait connue, c'est mon devoir de lui dire au revoir".
"On a vu la reine tant de fois", se souvient-il, "on était privilégiés, on avait pas à faire la queue", mais là "je dois le faire". "Il y a beaucoup plus de monde plus haut dans la rue, mais on a la meilleure place" ici, se félicite-t-il.
Un groupe d'Ukrainiens qui ont fui la guerre descend la rue pour aller déposer des fleurs.
"On voulait remercier profondément la Grande-Bretagne, la reine et toute sa famille", l'ex-Premier ministre "Boris Johnson, pour avoir aidé l'Ukraine", explique Viktoriia Saïenko, 29, originaire de Kharkiv, ville frontalière de la Russie durement frappée par l'invasion russe.
Le cercueil passera la nuit au palais de Holyroodhouse et reposera ensuite pendant 24 heures à la cathédrale Saint-Gilles où aura lieu un service religieux et une veillée funèbre. Mardi soir, le cercueil de la reine sera transporté par avion à Londres.
Les funérailles d'Elizabeth II auront lieu le 19 septembre.
(K.Lüdke--BBZ)