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"Il est temps !": alors que le projet de loi sur la fin de vie ne sera pas débattu au Parlement avant l'année prochaine, plusieurs livres et un documentaire appellent à légaliser "urgemment" l'euthanasie, pour sortir la France "du mal mourir".
- La fiction pour le réel -
Carole Fives a choisi la fiction car "le roman permet de sortir du débat clivant et d'aller vers des choses assez nuancées", dit-elle à l'AFP. Pour son septième roman, elle est revenue à son thème de prédilection: les liens familiaux.
Dans "Le jour et l'heure", publié chez JC Lattès, elle raconte le destin d'une famille dont la mère, atteinte d'une maladie incurable, part en Suisse pour mourir.
Un texte au couteau, poignant, qui donne uniquement la parole aux enfants et à l'époux de la protagoniste, fruit d'une expérience personnelle: celle qui a vu l'une de ses "grandes amies", atteinte d'une maladie dégénérative, faire le choix du suicide assisté en Suisse".
Un épisode qui s'est déroulé il y a cinq ans. Depuis, "rien, il n'y a toujours pas de loi", déplore-t-elle. Et, ce, "alors qu'on sait que les Français sont majoritairement favorables à l'aide à mourir", poursuit-elle.
"Faire ça en Suisse, tout le monde ne peut pas le faire car ça coute très cher", déroule-t-elle. "Ca pose quand même le problème de l'inégalité de l'accès aux soins. Il faut que ca change, vite".
- Le documentaire pédago -
Mêler l'intime et le politique: visage connu du grand public grâce à ses émissions sur la santé, Marina Carrère d'Encausse est la protagoniste du documentaire "Fin de vie: pour que tu aies le choix", réalisé par Magali Cotard, diffusé mardi soir sur France 5.
Ce film pédagogique veut "poser les questions et apporter un maximum d'informations", commente-t-elle auprès de l'AFP. Pour ce faire, il explore trois modèles où l'aide à mourir est une réalité: le belge, où l'euthanasie est autorisée par la loi, le suisse qui pratique le suicide assisté mais aussi le canadien, où l'euthanasie est également autorisée.
Si la question de la fin de vie a toujours été un sujet pour la journaliste et médecin, c'est la rencontre avec un homme atteint de la maladie de Charcot,V devenu son compagnon, qui a été l'élément déclencheur du film."Mes cheminement n'ont eu de cesse d'évoluer," affirme-t-elle à l'AFP, se disant aujourd'hui "convaincue de la nécessité d'une loi en faveur de l'euthanasie".
"Je pense que c'est au médecin d'être là pour ce geste ultime parce que je trouve que c'est assez violent de donner une potion à un patient en lui disant: +buvez-là et dans trois minutes vous serez mort+".
- Le(s) manifeste(s) -
Autre visage familier du grand public, l'élu local et militant infatigable Jean-Luc Roméro publiera début octobre l'essai "Le serment de Berne" (ed. L'Archipel), puissant manifeste en faveur de l'euthanasie.
Il est préfacé par Line Renaud, 95 ans, qui sera la protagoniste, mi-octobre, du téléfilm "Le prochain voyage", diffusé sur France 2.
Très fouillé, l'ouvrage revient sur les atermoiements politiques, donne des chiffres, tout en apportant de nombreux témoignages. "Plus que jamais, ça devient urgent!", tempête auprès de l'AFP celui qui est le président d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité.
"Il n'est plus possible de laisser des gens mourir comme ça. On ne peut plus continuer aujourd'hui, en 2023, à faire comme si de rien n'était, comme si on mourait bien en France, alors que toutes les études montrent que ce n'est pas le cas".
"Mal mourir", c'est "ne pas avoir une loi qui permette l'euthanasie ou même le suicide assisté", déroule-t-il. "Il s'agit simplement de donner une liberté aux gens qui en ont besoin, tout en mettant des garde-fous".
(T.Renner--BBZ)