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Youcef Atal, footballeur international algérien de l'OGC Nice, a été condamné mercredi à huit mois de prison avec sursis et à 45.000 euros d'amende pour avoir partagé une vidéo appelant à "un jour noir sur les juifs", sur fond de conflit entre Israël et le Hamas.
"C'était une décision attendue au regard du contexte et de la forte pression politique", a réagi auprès de l'AFP son avocat, Me Antoine Vey, joint par téléphone, annonçant un probable appel une fois qu'il se sera entretenu avec le joueur.
"Il n'a pas sciemment publié une vidéo au contenu discutable (...), il ne faut pas faire d'Atal le symbole qu'il n'est pas", a-t-il insisté au sujet du défenseur international algérien actuellement en stage au Togo avec l'équipe nationale des "Fennecs" en vue de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) qui débute la semaine prochaine.
Condamné pour provocation à la haine à raison de la religion, Youcef Atal devra également publier à ses frais cette condamnation dans le quotidien régional Nice-Matin et dans le journal Le Monde, a précisé le tribunal correctionnel de Nice.
La décision est en ligne avec les réquisitions du parquet, qui avait réclamé dix mois de prison avec sursis, l'amende maximale de 45.000 euros et la publication de la condamnation pendant un mois sur la page d'accueil du compte Instagram du défenseur des Aiglons, qui dépasse les 3,2 millions d'abonnés.
Cette dernière mesure, qui aurait plus d'impact auprès des destinataires de la vidéo en premier lieu, est "assez compliquée à mettre en oeuvre pour des raisons techniques", a regretté Me David Rebibou, avocat du Crif Sud-Est (Conseil représentatif des institutions juives de France).
"Mais la justice a été rendue. Il faut que les personnes qui profitent de leur notoriété pour propager la haine sachent qu'il y a une contrepartie", a-t-il ajouté.
En l'absence d'Atal, de ses avocats et des avocats de la plupart des parties civiles --des organisations juives et la Ligue de football professionnel (LFP)--, ou encore des femmes venues le soutenir de façon parfois véhémente lors du procès, le délibéré a été rendu dans une relative discrétion mercredi.
- Partager, c'est "donner une visibilité" -
Seul Philippe Vardon, conseiller municipal Reconquête! de Nice, qui avait été le premier à signaler la publication d'Atal, était présent. "Qu'on n'entende plus parler de lui", a-t-il réclamé, alors que des rumeurs circulent sur un transfert du joueur lors du mercato d'hiver.
Cinq jours après les attaques sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre et le début des bombardements d'Israël sur Gaza, Atal avait partagé sur Instagram la vidéo d'un prédicateur, Mahmoud Al Hasanat.
Atal était en Algérie, avec l'équipe nationale, quand il avait partagé cette vidéo. Prévenu le lendemain par l'OGC Nice du caractère polémique des propos, il l'avait retirée, avec un message d'excuses.
A l'audience, le joueur de 27 ans avait répété à l'envi qu'il avait voulu envoyer "un message de paix" et qu'il n'avait pas regardé la vidéo jusqu'au bout avant de la partager.
Dans la mesure où elle ne dure que 35 secondes, l'argument n'avait pas convaincu la vice-procureure, Meggi Choutia: "Ce sont des faits graves, qu'il ne faut pas banaliser. Partager une vidéo, c'est s'attribuer les propos et leur donner une visibilité".
Youcef Atal, qui joue au sein du club de Ligue 1 de Nice depuis 2018, n'est plus réapparu sous le maillot des Aiglons depuis cette publication, suspendu d'abord "jusqu'à nouvel ordre" par son club, puis pour sept matches par la commission de discipline de la LFP, une sanction désormais purgée.
Il est en revanche resté titulaire en équipe d'Algérie et a reçu beaucoup de soutien dans son pays.
"Je ne suis pas antisémite. Je ne suis ni contre les juifs ni contre les chrétiens, je n'ai de haine contre personne", avait-il insisté à l'audience, en rappelant que contrairement à de nombreux sportifs du monde arabe, il n'avait pas hésité à jouer à Tel-Aviv avec Nice, à l'été 2022 en Coupe d'Europe.
(T.Renner--BBZ)