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Des stars à la pelle, des monuments du 7e art et... un contexte explosif: à J-1, Cannes se prépare à accueillir le plus grand festival de cinéma sur lequel planent des rumeurs en lien avec #MeToo.
Sur la Croisette, les commerçants, loin de ces bruits qui agitent les réseaux sociaux, s'activent face à l'arrivée des 35.000 festivaliers attendus du 14 au 25 mai.
"Franchement on voit vraiment la différence entre il y a une semaine et maintenant", constate Eva Zemame, 20 ans, une vendeuse de glaces.
"Moi ce que je vois, c'est une effervescence sur les plages, tous les restaurateurs qui se préparent à accueillir les VIP, et dans les boutiques, les femmes qui regardent les robes de soirée", affirme Christine Capao, 60 ans, rencontrée dimanche par l'AFP.
En coulisses, l'ambiance est tout autre avec des rumeurs d'accusations en lien avec #MeToo qui circulent depuis des semaines. Elles pourraient perturber la 77e édition du festival, sept ans après l'affaire Weinstein qui a lancé le mouvement de libération de la parole.
Une liste avec des personnalités du cinéma a circulé mais aucune enquête journalistique n'a été publiée jusqu'ici, confirmant ou infirmant ces rumeurs.
- "Cas par cas" -
"Si le cas d'une personne mise en cause se présentait, nous veillerions à prendre la bonne décision au cas par cas", tentait de déminer récemment Iris Knobloch, la présidente du Festival.
Et les organisateurs ont rappelé dimanche leur engagement depuis 2018 dans la lutte contre les violences sexuelles, "qui ont trop longtemps eu cours" dans le 7e art, via une cellule d'assistance dédiée.
Le sujet sera abordé de front avec la venue dès mercredi de Judith Godrèche, devenue fer de lance de #MeToo en France.
La comédienne, qui a accusé de viols deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, présentera un court-métrage, "Moi aussi", réalisé avec un millier de personnes victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.
Mais c'est aussi sur le plan social que l'édition 2024 pourrait être agitée: un collectif rassemblant des attachées de presse, projectionnistes, chargés de billetterie et autres travailleurs du cinéma appelle à une grève. Ils demandent à bénéficier du statut d'intermittents du spectacle et ont reçu le soutien d'acteurs comme Louis Garrel et Swann Arlaud. Le Festival s'est dit prêt au dialogue.
- Dispositif inédit -
Autant de secousses qui feraient presque oublier la compétition, mélange de jeunes talents comme la Française Agathe Riedinger avec son premier film "Diamant brut" sur la télé-réalité, et de monuments du 7e art à l'instar de Francis Ford Coppola qui brigue une troisième Palme d'or, avec "Megalopolis", 45 ans après celle obtenue pour "Apocalypse Now".
Le palmarès, qui sera dévoilé le 25 mai, est plus qu'attendu après le succès mondial d"Anatomie d'une chute", récompensé ensuite aux Oscar.
Le jury chargé de départager les 22 films en compétition est présidé par l'Américaine Greta Gerwig, encore auréolée du succès planétaire de "Barbie". Elle sera épaulée par des personnalités comme Omar Sy, Eva Green, Lily Gladstone ou le cinéaste Kore-Eda.
Hollywood sera également célébré avec les Palmes d'or d'honneur remises à Meryl Streep et George Lucas, ainsi que, hors compétition, le retour de la saga "Mad Max" ("Furiosa"), et la venue de Kevin Costner avec le premier opus de sa saga sur l'Ouest américain.
Côté nouveauté, Cannes lance pour la première fois une compétition de films immersifs, incluant la réalité virtuelle.
A l'approche des JO de Paris, dont il fait en quelque sorte figure de répétition, le Festival bénéficie cette année d'un dispositif inédit avec 17 caméras de vidéoprotection utilisant l'intelligence artificielle.
Objectif: repérer les comportements suspects, détecter l'éventuelle présence d'armes ou les mouvements de foule, selon la mairie.
(T.Burkhard--BBZ)