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A quelques jours de Noël dans le quartier londonien huppé de Marylebone, les boutiques de seconde main font le plein, une évolution portée par des consommateurs soucieux de dépenser moins, mais aussi d'aider l'économie circulaire.
Dans le magasin de l'organisation caritative britannique Oxfam, à la vitrine scintillante de décorations, les acheteurs peuvent dénicher vêtements, jouets et livres à prix bas.
"Depuis fin septembre, nous avons constaté une augmentation considérable du nombre de personnes qui viennent dans nos boutiques", indique à l'AFP Ollie Mead, dont le rôle est de mettre les objets en valeur dans les magasins de l'association.
Les boutiques de seconde main d'organisations caritatives sont déjà très populaires le reste de l'année au Royaume-Uni. On y vient acheter vêtements, bibelots, livres...
Mais les boutiques et sites d'occasion en ligne sont désormais de plus en plus prisés pour faire ses cadeaux de Noël.
Selon un rapport publié en novembre par la plateforme de vêtements de seconde main Vinted et le cabinet RetailEconomics, les Britanniques devraient dépenser 2 milliards de livres (2,4 milliards d'euros) en cadeaux de Noël d'occasion cette année, soit près de 10% du total de ce marché.
Ils étaient, selon Oxfam, 33% à acheter des cadeaux d'occasion au Royaume-Uni en 2023, contre 25% en 2021.
"Il y a un changement évident sur Vinted", explique à l'AFP Adam Jay, l'un de ses dirigeants. "Nous avons noté une progression du nombre d'utilisateurs qui font une recherche avec le mot-clé +cadeau+ entre octobre et décembre, par rapport à la même période l'année dernière".
"C'est agréable de dépenser moins et de savoir que l'argent ira à une bonne cause", estime Ed Burdett, un médecin de 50 ans rencontré par l'AFP dans une autre boutique Oxfam de Londres.
Il y a trouvé un porte-clé et un calepin qu'il offrira à sa femme: "Nous essayons d'économiser, et elle aime donner une seconde vie aux objets. Ce sera parfait pour elle".
- "Bizarre, excentrique" -
Wayne Hemingway, designer et co-fondateur de Charity Super.Mkt, qui installe des boutiques de seconde main dans des rues commerçantes dépeuplés, offre des cadeaux de Noël d'occasion depuis "de très nombreuses années".
"Quand j'ai commencé à le faire, ça paraissait bizarre, excentrique", indique-t-il.
De même, lorsqu'il a commencé à vendre des vêtements d'occasion il y a plus de 40 ans, "nos ventes chutaient toujours à Noël parce que tout le monde voulait du neuf".
Les choses, depuis, ont bien changé. "Les achats du week-end dernier ont été délirants", le magasin où il se trouvait "a été envahi", et toutes les boutiques de la chaîne ont enregistré une progression de 20% des ventes dans les semaines précédant Noël.
Derrière cette tendance, les jeunes consommateurs sont de plus en plus conscients des impacts de l'industrie textile sur la planète, et engagés en faveur d'une "économie circulaire", salue-t-il.
A la caisse du magasin, Jennifer Odibo n'est pas convaincue.
Cette cliente de 56 ans qui "adore la seconde main" et vient de s'acheter une veste vintage ne se voit pas offrir un cadeau d'occasion à ses proches.
"Noël est un moment spécial (...) j'irai acheter quelque chose de sympa chez Selfridges ou Fenwick", deux célèbres grands magasins britanniques.
Wayne Hemingway reconnaît que l'idée d'acheter du neuf pour Noël reste majoritaire. "Les choses évoluent petit à petit, il reste encore un long chemin à parcourir", relativise-t-il.
"Ce sera un vrai changement si nous parvenions à accepter l'idée qu'il est possible d'offrir un cadeau d'occasion pour cette fête", abonde Tetyana Solovey, chercheuse en sociologie à l'université de Manchester.
"Pour certaines personnes, ça semble un peu étrange (...) Mais cela pourrait être au contraire une approche très durable" et solidaire, qui rendrait cette fête encore plus "merveilleuse", dit-elle.
(L.Kaufmann--BBZ)