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Le Conseil suprême du cyberespace iranien, instance en charge de la régulation de l'Internet et du cyberespace dans le pays, a voté mardi la levée de l'interdiction frappant l'application de messagerie WhatsApp, en vigueur depuis plus de deux ans.
"L'interdiction de WhatsApp et de Google Play a été levée par un vote unanime des membres du Conseil suprême du cyberespace", a rapporté l'agence de presse officielle Irna.
"Il s'agit de la première étape du plan visant à lever les restrictions", a précisé l'agence.
Le ministre des Communications, Sattar Hashemi, a salué sur le réseau X un "premier pas vers la levée des restrictions sur l'Internet avec (...) consensus".
L'Iran a bloqué Instagram et WhatsApp après les manifestations déclenchées en 2022 par la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique. Il s'agissait alors des applications les plus utilisées depuis l'interdiction de Youtube, Facebook, Telegram, Twitter et Tiktok.
Ces interdictions ont alimenté la polémique en Iran, leurs détracteurs arguant qu'elles étaient coûteuses pour le pays.
"Les restrictions n'ont rien apporté d'autre que de la colère et des coûts supplémentaires pour les citoyens", a estimé mardi sur X un conseiller présidentiel, Ali Rabiei.
"Le président Massoud Pezeshkian croit en la suppression des restrictions et ne considère pas que les interdictions soient dans l'intérêt du peuple et du pays", a affirmé de son côté Mohammad Javad Zarif, le vice-président iranien chargé des affaires stratégiques.
- Respect des "valeurs" islamiques -
D'autres ont toutefois émis des réserves quant à la levée des restrictions.
Le quotidien réformateur Shargh a ainsi indiqué mardi que 136 députés sur les 290 membres du Parlement avaient adressé une lettre au Conseil pour dénoncer cette mesure, un "cadeau aux ennemis" de l'Iran.
D'après le journal, les députés ont exigé que l'accès aux plateformes en ligne restreintes ne soit autorisé que "si elles sont attachées aux valeurs de la société islamique et respectent les lois de l'Iran".
Le président Massoud Pezeshkian, qui a pris ses fonctions en juillet, s'était engagé, lors de sa campagne, à assouplir les restrictions sur l'utilisation d'Internet, en place depuis de nombreuses années.
En mars, un ministre iranien avait annoncé que le gouvernement autoriserait des plateformes internationales à travailler dans le pays si elles acceptaient d'y ouvrir des bureaux de représentation.
Meta, le géant américain propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, a répondu qu'il n'avait pas l'intention de s'installer en Iran, pays soumis à un sévère régime de sanctions par les Etats-Unis.
Face aux limitations imposées à Internet, de nombreux Iraniens ont pris l'habitude d'utiliser des réseaux privés virtuels (VPN) pour contourner les restrictions.
D'autres plateformes populaires, comme Facebook, X et YouTube, restent bloquées depuis 2009, et l'application de messagerie instantanée Telegram a été interdite par une décision de justice en avril 2018.
Pour tenter de remplacer les services étrangers, l'Iran a développé au fil des ans ses propres applications.
Pour la navigation, les utilisateurs disposent de "Neshan" et "Balad", tandis que pour le covoiturage, ils peuvent se tourner vers "Snapp!" ou "Tapsi". En matière de messagerie, des applications locales telles que "Bale", "Ita", "Rubika" et "Soroush" ont vu le jour, offrant également des fonctionnalités d'appel.
(S.G.Stein--BBZ)