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"Harvest", chef d'œuvre de Neil Young, a 50 ans et ça se fête: Emily Loizeau, Arman Méliès ou Albin de la Simone, entre autres artistes, célèbrent cet album et son auteur à Paris jeudi.
Ce concert-évènement, organisé au Centquatre, était sur les rails bien avant que l'Américano-canadien ne revienne à la Une avec sa croisade anti-Spotify: Neil Young a retiré tous ses titres de la plateforme pour protester contre un podcast accusé d'avoir découragé la vaccination chez les jeunes.
Il faut dire que "Harvest" a marqué et inspiré des générations de musiciens et chanteurs.
"Je l'ai découvert dans mon adolescence tardivement, quand je commençais à sortir du classique, ça un été coup de foudre", confie à l'AFP Emily Loizeau. Cet album "irradie, il est imparable, avec des mélodies sublimes, un propos bouleversant, à fleur de peau, mais il est tout sauf lisse, une force folk-rock s'en dégage", poursuit-elle.
La chanteuse avait déjà rendu hommage en 2007 à Neil Young au festival du Printemps de Bourges, avant de reprendre un de ses titres, "Pocahontas", dans les bonus de son album "L'autre bout du monde".
Pour Arman Méliès, "Harvest" est également "particulièrement important", comme il l'explique à l'AFP. "C'est un disque que j'ai usé, il fait partie des jalons dans ma découverte de la musique et de l'écriture".
- "Un peu de nos personnalités" -
Neil Young irrigue toujours le travail de ce musicien, collaborateur d'Alain Bashung ou Hubert-Félix Thiéfaine, entre autres. Arman Méliès, également chanteur, a sorti en 2021 "Laurel Canyon", album du nom d'un quartier des collines de Los Angeles fréquenté dans les années 1960-70 par des artistes phares comme Neil Young, David Crosby ou encore Joni Mitchell.
"+Harvest+ a participé à mon éducation musicale et mon envie de faire de la musique", renchérit pour l'AFP Raoul Tellier, co-fondateur de La Maison Tellier, groupe à l'origine de la soirée au Centquatre. Des artistes français à la tête tournée vers un Ouest américain réel ou fantasmé complètent les rangs, tels Baptiste W. Hamon, Sammy Decoster ou H-Burns.
"On a pris le parti de l'hommage le plus simple possible, en respectant la forme originale de l'album, dans l'ordre des chansons", développe Raoul Tellier, guitariste et compositeur.
Mais l'idée n'est pas non plus de le jouer à la note près en version "tribute bands", ces groupes copie conforme. "On ne va pas s'amuser à le dénaturer, mais on prendra la liberté d'y mettre un peu de nos personnalités, en insufflant un peu de modernité, ça peut être intéressant de le faire sonner comme un spectacle de 2022", décrypte Arman Méliès, qui sera une des guitares électriques du concert.
- "Un esprit punk" -
Un des sommets de l'album, "Heart of gold", sera interprété par Emily Loizeau. A qui revient aussi "A man needs a maid": "c'est une chanson de mec en mal profond d'amour, je vais essayer d'apporter ma force de féminité".
Pour en revenir à l'actualité, le bras de fer entre Neil Young et Spotify n'étonne pas Raoul Tellier. "Il a toujours eu cette image de flibustier, qui fait ce qu'il veut, quand il veut, toujours en accord avec ses convictions".
Arman Méliès n'est pas non plus surpris. "Il est souvent présenté comme le parrain du grunge (Kurt Cobain, de Nirvana, et Eddie Vedder, de Pearl Jam, l'ont cité en référence), mais c'est aussi un esprit punk".
Mais l'étiquette des punks dans les années 1970, "No future" ("Sans avenir"), ne suffirait pas non plus à décrire l'homme aux éternelles rouflaquettes. Dans ses albums récents, comme "Barn", paru fin 2021, des préoccupations environnementales affleurent.
"L'entendre aujourd'hui, c'est une lumière en ces temps de morosité autour des enjeux climatiques, il est d'une grande lucidité sur la vie qu'on doit laisser à nos enfants et petits-enfants", conclut Emily Loizeau.
(Y.Berger--BBZ)