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Conflit TF1/Canal+, fusion TF1/M6, arrivée de Netflix dans la publicité télé: les dossiers brûlants de l’audiovisuel se sont invités vendredi lors du grand débat traditionnel du festival de la fiction de La Rochelle qui réunissait grands patrons et principaux acteurs du secteur.
Le plateau du débat promettait d'être piquant au vu des invités conviés à débattre sur "la crise de croissance" de la fiction et des batailles commerciales qui les agitent, en dehors de ce rendez-vous annuel à La Rochelle où les professionnels de l'audiovisuel présentent leurs nouvelles fictions pour l'année à venir.
Premier à jeter un pavé dans la mare, Gilles Pélisson, PDG du groupe TF1, actuellement en litige commercial et juridique avec le groupe Canal+ qui depuis début septembre a interrompu la diffusion des chaînes gratuites de TF1, faute d'avoir trouvé un accord financier de distribution entre les deux groupes.
Le client de Canal+ "est prisonnier", a dénoncé le numéro un de TF1, séparé d'un siège - celui de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions - du président du directoire de Canal+, Maxime Saada.
"Faire de la distorsion de concurrence quand vous savez que vous ne risquez pas de perdre vos clients, c'est un peu facile et je trouve ça profondément choquant et ça ce n'est pas mon éthique des affaires", a-t-il fustigé. Chez Canal+, le désabonnement est possible une fois par an mais, "si vous avez raté cette fenêtre, c'est foutu et j'appelle ça la +théorie du client prisonnier+", a argué le dirigeant.
Trois jours auparavant, TF1 réclamait en justice que Canal+ rétablisse ses chaînes sur l'offre satellite TNT Sat, qui permet aux foyers non desservis par la TNT terrestre de recevoir la télé. Une décision sera rendue le 22 septembre dans ce dossier.
"Nous, c'est assez simple: on diffuse toutes les chaînes gratuites et nos abonnés ne sont pas prêts à payer pour TF1, qui est une chaîne gratuite", a répondu le patron de Canal+, rappelant que TF1 avait réclamé "une augmentation substantielle" de 50%.
- Joutes verbales -
Rapidement le projet de fusion entre TF1 et M6, actuellement étudié par l'Autorité de la concurrence, s'est aussi invité dans le débat. "Le collège est en train de réfléchir" et "ce ne sera sans doute pas une décision facile", a déclaré M. Pélisson, évoquant des "opposants extrêmement violents à cette ambition".
"On a vu les arguments que l’on nous oppose, on en est très conscient", a-t-il affirmé.
De son côté, Thomas Valentin, vice-président du directoire de M6, a estimé que quel qu'allait être le verdict de l'Autorité "le marché (allait) devoir s'adapter" pour trouver des solutions pour "mieux amortir les coûts, les droits" afin de "pouvoir être capables de mettre plus d’argent par programme".
"On est dans un marché ultra-compétitif, c’est comme s'il y a 20 ans ABC, CBS, NBC et Fox avaient débarqué en France avec tous les programmes américains en français et des programmes français, c’est un peu ce qui se passe aujourd’hui avec les plateformes et avec une rapidité incroyable", a-t-il défendu.
A cela s'ajoute une baisse constante de la durée d'écoute des télévisions hertziennes, plus particulièrement chez les moins de 50 ans, a-t-il exposé.
Autre dossier épineux pour les chaînes de télévision: l'arrivée de Neflix sur leur marché publicitaire. Un acteur comme celui-ci "peut déstabiliser le secteur: est-ce qu'il va communiquer ses audiences ? Ses performances publicitaires ?", s'est interrogé le patron de TF1.
Une préoccupation que Maxime Saada, unique intervenant du panel d'invités opposé à une fusion TF1/M6, a balayé. "Le marché publicitaire télévisé n'a pas franchement baissé sur ces dix dernières années, il n'y a pas vraiment aujourd'hui une substitution du digital", a-t-il opposé.
Les annonceurs choisissent la publicité à la télévision pour "toucher une audience massive de manière simultanée, ce qui n'existe pas sur des plateformes et sur ce marché-là, l'ensemble TF1-M6 ne serait même pas dominant, mais monopolistique", a-t-il avancé.
(B.Hartmann--BBZ)