Berliner Boersenzeitung - Au Brésil, une constellation de stars dans la cybercampagne présidentielle

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Au Brésil, une constellation de stars dans la cybercampagne présidentielle
Au Brésil, une constellation de stars dans la cybercampagne présidentielle / Photo: Catherine Powell - Getty/AFP/Archives

Au Brésil, une constellation de stars dans la cybercampagne présidentielle

Agrippant une barre de pole dance, le regard sensuel, la pop star brésilienne Anitta, vêtue d'un collant rouge vif ultra-moulant, appelle ses 60 millions d'abonnés sur Instagram à voter Lula.

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Dans une campagne à couteaux tirés pour l'élection de dimanche, de plus en plus de vedettes du show business affichent ouvertement sur les réseaux sociaux leur préférence entre les deux favoris, l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et le chef d'Etat d'extrême droite Jair Bolsonaro.

La liste des artistes qui souhaitent le retour au pouvoir de Lula est aussi longue qu'éclectique.

On retrouve aussi bien des vedettes de la pop ou du funk, comme Anitta, mais aussi Ludmilla ou Luisa Sonza, que des rappeurs comme Emicida et des monstres sacrés de la chanson brésilienne, tels Caetano Veloso, Gilberto Gil ou Chico Buarque.

Côté Bolsonaro, les soutiens célèbres sont issus pour la plupart du sertanejo, sorte de musique country à la sauce brésilienne, avec d'immenses stars comme Gusttavo Lima, méconnu à l'étranger, mais extrêmement populaire dans son pays.

- "Dieu, famille, patrie" -

"Il y a un sentiment de défiance envers la politique. Mais quand une célébrité dit qu'elle va voter pour un candidat sur les réseaux, elle arrive à toucher ses fans d'une façon plus personnelle, effaçant ce sentiment de défiance", dit à l'AFP Issaaf Karhawi, chercheuse spécialiste des réseaux sociaux à l'Université de Sao Paulo (USP).

Pour Paulo César Gomes, historien à l'Université fédérale Fluminense, "l'engagement d'artistes à gauche existe de longue date, notamment avec ceux qui s'opposaient à la dictature militaire", comme les musiciens "tropicalistes" Caetano Veloso ou Gilberto Gil, exilés durant les années de plomb.

"Mais le fait de voir des chanteurs soutenir l'extrême droite est beaucoup plus récent. Cela remonte aux manifestations de masse de 2013, contre la présidente de gauche Dilma Rousseff, et à la mobilisation pour sa destitution en 2016", précise-t-il.

Gusttavo Lima, 33 ans, qui a plus de 44 millions d'abonnés sur Instagram, avait déjà déclaré son soutien à Jair Bolsonaro et sa politique pro-armes lors de la campagne de 2018, avec une vidéo dans laquelle on le voyait tirer avec un puissant fusil d'assaut.

Plus récemment, lors d'un concert à Brasilia, il s'est lancé dans une diatribe contre le "communisme" incarné selon lui par Lula et a défendu les valeurs bolsonaristes "Dieu, famille, patrie".

- Hollywood s'en mêle -

Ces soutiens peuvent-il se traduire en voix? "C'est difficile à mesurer, mais les chiffres montrent par exemple qu'un grand nombre de jeunes se sont inscrits sur les listes électorales, après une intense campagne en ce sens d'artistes de renom sur les réseaux", explique Issaff Karhawi.

Anitta, première chanteuse brésilienne à atteindre le top du hit-parade de Spotify, a notamment dit sur ses réseaux qu'elle ne poserait pour des photos avec des fans que s'ils étaient inscrits pour voter le 2 octobre.

Un appel relayé par l'acteur américain Leonardo Di Caprio, qui critique régulièrement le président Bolsonaro sur les réseaux sociaux, l'accusant de détruire l'Amazonie, tout comme le comédien Mark Ruffalo.

Des critiques auxquelles le chef de l'Etat répond du tac au tac, avec des messages pleins d'ironie et rédigés en anglais, alors qu'il ne parle que le portugais.

"La campagne de Bolsonaro se nourrit de ces attaques pour galvaniser ses partisans. Le rejet d'une artiste hyper-sexualisée telle Anitta peut être une bonne chose pour lui, pour renforcer sa position de défenseur des moeurs traditionnelles", estime Thiago Soares, qui coordonne un groupe de recherches sur la culture pop à l'université du Pernambouc.

"Les chanteurs de sertanejo s'adressent aux habitants de zones rurales qui vivent de l'agronégoce, des bastions conservateurs et pro-Bolsonaro, contrairement à Anitta ou Ludmilla, qui représentent la culture des favelas", quartiers pauvres des grandes métropoles.

Les artistes pro-Lula tentent tout de même de marcher sur les plate-bandes bolsonaristes. Lors de son concert au méga-festival Rock in Rio à la mi-septembre, Ludmilla s'est présentée avec un maillot jaune et vert, les couleurs du Brésil, symbole que se sont approprié depuis des années les partisans du président d'extrême droite.

De nombreuses célébrités ont par ailleurs adhéré à la campagne en faveur du vote utile pour faire élire Lula dès le premier tour, comme Caetano Veloso, qui auparavant soutenait Ciro Gomes (centre gauche), crédité de 7% des intentions de vote.

(B.Hartmann--BBZ)