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Un conflit en Ukraine pourrait menacer la reprise économique mondiale, a averti le président indonésien Joko Widodo jeudi à l'ouverture d'une réunion de deux jours des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 en Indonésie.
La réunion se tient en format "hybride" pour cause de Covid, avec plus de la moitié des délégués des vingt plus grandes économies mondiales participant en ligne. La réunion physique a été déplacée de Bali vers la capitale Jakarta au moment où le pays fait face à une vague montante de variant Omicron hautement contagieux.
Alors que les pays tentent de favoriser la reprise économique tout en continuant à lutter contre la pandémie, le président de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est a mis en garde contre une multiplication des risques, notamment géopolitiques, dans un discours d'ouverture.
"Ce n'est pas le moment de voir des rivalités et de créer de nouvelles tensions qui pourraient nuire à la reprise mondiale, et encore moins de mettre en danger la sécurité mondiale, comme ce qui se passe en Ukraine aujourd'hui", a souligné le président de l'Indonésie qui préside le G20 cette année.
Il a appelé les pays du G20, qui comprend la Russie, les Etats-Unis et la Chine, à la "synergie et la collaboration" pour aider au redressement économique. "Toutes les parties doivent cesser les rivalités et les tensions", a-t-il insisté.
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a admis que des sanctions à l'encontre de la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine auraient des "répercussions mondiales" dans un entretien à l'AFP avant la réunion.
- meilleure préparation face aux pandémies -
Au menu des discussions figurait aussi la nécessité d'une meilleure préparation face à de futures pandémies, et son financement.
"Nous devons agir de toute urgence pour renforcer l'architecture sanitaire mondiale afin de disposer des outils nécessaires pour prévenir, préparer et répondre aux futures crises sanitaires", a exhorté a secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen lors de cette réunion, à laquelle elle assiste virtuellement.
Elle a évoqué "un fonds d'intermédiation financière hébergé à la Banque mondiale", exhortant "tous les membres du G20 à (s'y) joindre (...) dans les mois à venir".
Le G20 discutera des modalités de ce fonds "dans lequel l'Organisation mondiale de la santé aura un rôle central de coordination", a indiqué la ministre des Finances indonésienne Sri Mulyani Indrawati.
Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a insisté sur le rôle central de l'agence et appelé à verser d'abord en urgence les 16 milliards de dollars qui manquent encore pour financer son plan de lutte contre la pandémie actuelle de Covid-19.
"Tous les efforts pour améliorer la gouvernance, les systèmes et le financement de la sécurité sanitaire mondiale ne peut réussir que s'ils renforcent le rôle de l'OMS", a-t-il noté.
Les membres du G20 devaient aussi évoquer les risques liés à l'accélération de l'inflation dans certains pays et à la nécessité d'une "stratégie de sortie" harmonieuse de la politique monétaire accommodante des pays développés pour ne pas avoir d'effet négatif sur les pays en développement, selon les autorités indonésiennes.
"Alors que la reprise est en marche, certains pays adoptent une politique (monétaire) de normalisation plus tôt que d'autres tandis que les stimuli sont retirés, ce qui va avoir un effet majeur sur l'économie mondiale", a souligné le gouverneur de la banque centrale d'Indonésie Perry Warjiyo dans un discours.
"Cela pourrait aussi créer potentiellement des conditions financières mondiales moins favorables et provoquer des fuites de capitaux des marchés émergents", a-t-il ajouté.
L'allègement de la dette des pays pauvres et la mise en place de la réforme de la taxation mondiale sont aussi au menu.
(P.Werner--BBZ)