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La peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, a été requise jeudi à l'encontre de Nordahl Lelandais pour le meurtre de la petite Maëlys.
"Je vous demanderai de déclarer Nordahl Lelandais grand criminel, grand prédateur", a déclaré aux jurés l'avocat général Jacques Dallest dans son réquisitoire, qualifiant l'accusé de "danger social absolu".
Assis dans son box en chemise claire, l'accusé a esquissé un léger non de la tête à l'énoncé de la peine requise.
"Maëlys a été l'enfant à sa merci, ça aurait pu être un autre enfant. Evidemment que le mobile est sexuel", a estimé l'avocat général devant l'ancien militaire, déjà condamné en mai 2021 pour le meurtre du jeune caporal Arthur Noyer.
Les actes de "rage meurtrière" qui ont coûté la vie au jeune militaire et à la petite fille, très similaires dans leur mode opératoire, ne peuvent s'expliquer par la drogue ou l'alcool: si l'accusé n'est pas un "tueur en série", il est un "raté de la vie", "un "psychopathe", selon M. Dallest.
Un grand nombre de questions restent en outre sans réponse à l'issue du procès, a-t-il déploré en écho de la déception exprimée la veille par les parties civiles.
Les plaidoiries de la défense sont attendues jeudi après-midi et le verdict vendredi, après trois semaines de débats qui ont polarisé les passions, bien au-delà du palais de justice de Grenoble.
A la suspension d'audience, le réquisitoire du ministère public a été salué par les avocats des parties civiles.
La peine requise est "lourde" mais "logique et attendue", a ainsi affirmé Me Fabien Rajon, le représentant de la mère de Maëlys. La réclusion à perpétuité est "la peine juste qu’attendaient mes clients".
"La dangerosité criminelle, la nature même des faits reprochés à Nordahl Lelandais, c'est la réclusion perpétuelle, c'est le prix à payer", a estimé de son côté l'avocat du père de Maëlys, Me Laurent Boguet.
"C'est surtout une mesure de protection pour l'avenir" en raison du faible "pronostic de réadaptabilité" de l'ancien militaire, selon lui.
Celui qui aura 39 ans vendredi, est jugé pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys De Araujo, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines alors âgées de 4 et 6 ans, au cours de l'été 201. Il a finalement reconnu tous les faits qui lui sont reprochés mais nié toute atteinte sexuelle sur Maëlys, sa dernière victime.
- "Manque de recul " -
La veille, face à la cour, Me Rajon avait lui aussi souligné dans sa plaidoirie que si Nordahl Lelandais n'était pas poursuivi pour le viol de Maëlys faute de "preuve incontestable", le "mobile sexuel est pour (lui) une évidence".
Dans sa plaidoirie, l'avocat a aussi évoqué les facteurs "inquiétants" de la personnalité de l'accusé, sa "dangerosité" et son "manque de recul" sur ses actes.
Jeudi, comme Me Rajon, les cinq autres avocats des parties civiles ont tous tracé un portrait extrêmement sombre de l'accusé.
Me Caroline Rémond, avocate des deux petites-cousines victimes d'attouchements, a insisté sur le caractère "prédateur" de l'ancien maître-chien, qui avait filmé ses agressions quand les enfants étaient endormies.
Me Boguet l'a pour sa part dépeint en "homme-loup", quelqu'un qui a "tout déployé pour courir en zigzag afin de ne jamais se faire attraper".
Au cours des débats, Nordahl Lelandais a livré des versions fluctuantes sur la disparition de Maëlys, variant notamment sur les circonstances de l'enlèvement de la fillette.
Il a fini par reconnaître avoir tué "volontairement" Maëlys en la frappant au visage, quelques minutes après l'avoir emmenée de la salle des fêtes où il l'avait rencontrée peu auparavant, pendant une soirée de mariage.
Il a justifié cette flambée soudaine de violence en évoquant un accès de panique, une "hallucination", expliquant avoir vu le visage d'Arthur Noyer sur celui de la fillette. Il devrait prendre une dernière fois la parole vendredi.
(Y.Berger--BBZ)