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La Bourse de New York a clôturé en fort repli jeudi, craignant l'escalade en Ukraine et un ralentissement de la croissance des entreprises américaines.
Le Dow Jones a lâché 1,78% pour finir à 34.312,03 points, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, 2,88% à 13.716,71 points, et l'indice élargi S&P 500, 2,12%, à 4.380,26 points.
"Les actions sont sous pression avec la montée des inquiétudes géopolitiques", ont expliqué, dans une note, les analystes de Schwab.
Le président américain Joe Biden a estimé possible jeudi une attaque de l'Ukraine "dans les prochains jours".
La Russie a, elle, annoncé la poursuite du retrait de troupes et d'équipements des régions proches de l'Ukraine, un déplacement que met en doute la diplomatie américaine et le président ukrainien.
La nervosité ambiante a été illustrée par un bond de 15% de l'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, ainsi que par des mouvements significatifs vers les obligations, considérées comme valeur refuge.
Le taux des emprunts d'État américains à 10 ans, qui évolue en sens opposé des prix des obligations, s'est ainsi brutalement contracté, passant de 2,04% mercredi à 1,96%.
Les huit plus importantes capitalisations du Nasdaq, toutes des valeurs technologiques, ont fini en baisse de plus de 2%, Tesla (-5,09%), Alphabet (-3,77%) ou Meta (Facebook, -4,08%) chutant même bien davantage.
"L'Ukraine et l'inflation sont les deux sujets qui font la une tous les jours, mais une bonne partie de la volatilité est due à la décélération de la croissance de nombreuses entreprises", qui est visible dans les résultats publiés ces dernières semaines, a fait valoir Robert Cantwell, gérant de portefeuille chez Upholdings.
Après avoir publié des résultats étincelants en 2021, grâce au rebond qui avait suivi le début de la pandémie, les sociétés américaines peinent à afficher des taux de croissance similaires dans une économie qui se normalise, a précisé le gérant.
"En ce moment, on navigue", a commenté Adam Sarhan, fondateur et directeur général de 50 Park Investments. "On est dans un champ de mines avec les résultats d'entreprises", à la merci d'une mauvaise surprise, estime le gérant. "Et les marchés n'aiment pas l'incertitude", poursuit-il, d'autant que s'y ajoutent le manque de visibilité sur la crise ukrainienne et la trajectoire de la banque centrale américaine (Fed).
Les partisans d'un marché en hausse, les "bulls" (taureaux), "cherchent désespérément un catalyseur qui pourrait faire monter les actions, mais ils n'en trouvent pas", a expliqué Adam Sarhan.
Néanmoins, s'"il y a de la peur dans ces mouvements à court terme", concède Robert Cantwell, "la tendance de fond est là", à savoir une économie qui reste en expansion. "On devrait voir les taux de croissance (des entreprises) accélérer au second semestre, ce qui devrait calmer les nerfs" des investisseurs.
À la cote, Walmart a tiré son épingle du jeu (+4,01% à 138,88 dollars) grâce à des résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le géant de la distribution est parvenu à gagner des parts de marché en alimentation aux États-Unis, ayant fait le choix de la compétitivité de ses prix malgré la poussée inflationniste en cours.
La plateforme américaine de livraison de repas DoorDash s'est envolée (+10,69% à 105,03 dollars) après la publication mercredi après Bourse, d'un chiffre d'affaires supérieur aux attentes. Attendu au tournant après avoir été l'un des grands vainqueurs de la pandémie, le groupe dit anticiper une forte croissance des commandes en 2022.
Hasbro a profité (+2,10% à 99,08 dollars) de l'initiative de la société d'investissement Alta Fox, détenteur de 2,5% du capital du spécialiste du jouet et qui a proposé ses propres candidats au conseil d'administration ainsi qu'une évolution de la stratégie de l'entreprise.
Le groupe de télécommunications Cisco s'est extrait du marasme des valeurs technologiques (+2,80% à 55,77 dollars), après avoir relevé ses objectifs pour son exercice 2022 (clôturé fin juillet).
(T.Burkhard--BBZ)