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Les sauveteurs grecs recherchent toujours samedi douze passagers d'un ferry italien, ravagé depuis 24 heures par un incendie à 50 km au large de l'île grecque de Corfou.
Aidés d'un hélicoptère, d'une frégate, de six remorqueurs et d'un vaisseau de lutte contre les incendies, plongeurs et pompiers quadrillent la zone de la catastrophe, espérant retrouver douze chauffeurs-routiers qui manquent à l'appel.
Mais le brasier attisé par le vent, les explosions sporadiques et la température infernale s'élevant à plus de 500 degrés empêchent désormais les secours d'intervenir à bord du navire, selon les pompiers et les garde-côtes grecs.
Le ferry de la compagnie italienne Grimaldi, en route pour Brindisi en Italie s'est embrasé vendredi à l'aube, deux heures après son départ du port grec d'Igoumenitsa, avec 290 personnes, dont 51 membres d'équipage, enregistrées à bord.
L'enquête du Service grec des accidents maritimes ne fait que commencer. Mais l'incendie pourrait être parti d'un camion garé dans les cales, selon plusieurs déclarations concordantes.
Le capitaine du ferry et deux mécaniciens sont entendus samedi par le Parquet, selon la chaîne publique de télévision ERT.
- "Certains ont sauté à la mer" -
Le port de Corfou est calme ce samedi, a constaté une journaliste de l'AFP. Les 280 personnes secourues la veille ont passé la nuit à l'hôtel ou à l'hôpital pour une dizaine d'entre elles souffrant de blessures mineures ou de difficultés respiratoires.
A perte de vue, en mer, des dizaines de pompiers luttent toujours contre les flammes et les épaisses fumées noires qui s'échappent de l'Euroferry Olympia, près de l'îlot d'Erikoussa, entre la Grèce et l'Albanie.
Le bateau doit être remorqué "en lieu sûr" pour pomper le carburant et l'eau, afin d'éviter toute pollution maritime, a déclaré le ministre grec de la Marine marchande Giannis Plakiotakis, samedi sur Skaï TV.
Hébergé dans un hôtel de Corfou, un rescapé turc, Fahri Ozgen, se désespère: "certains de nos amis sont toujours disparus, on ne sait pas où ils se trouvent".
La veille, sur le pont du navire, quelque "250 personnes hurlaient, criaient, certains ont sauté à la mer" pour échapper au feu menaçant qu'ils sentaient "sous leurs pieds", raconte-t-il à l'AFP.
Les disparus sont sept Bulgares, trois Grecs, un Lituanien et un Turc, ont précisé à l'AFP les garde-côtes grecs. Leurs familles ont rejoint Corfou samedi, encadrées par un psychologue.
Des rescapés se retrouvent sans rien à Corfou. "Nous avons perdu notre argent, nos passeports, tous nos documents administratifs, je n'ai même plus de chaussures aux pieds", se lamente auprès de l'AFP un routier turc, Ali Duran.
- Cabines bondées et mal ventilées -
Vendredi soir, deux passagers, prisonniers dans la cale aux véhicules, ont pu être évacués après plus de dix heures dans les fumées épaisses, avant d'être hospitalisés, selon les garde-côtes.
L'un des deux, un Bulgare, présente "une très faible saturation en oxygène et a été intubé", a précisé la ministre adjointe bulgare des Affaires étrangères, Velislava Petrova, samedi matin.
Mais l'équipe spécialisée qui avait pu monter à bord n'a pas pu rester dans le navire en feu.
Plusieurs chauffeurs routiers ont expliqué samedi à ERT que certains préféraient dormir dans leur camion plutôt que dans les cabines bondées des ferries.
Selon le quotidien Kathimerini, le syndicat grec des routiers avait dénoncé en juin 2017 le mauvais fonctionnement de l'air conditionné dans les cabines de l'Euroferry Olympia et de l'Euroferry Egnazia, autre navire de Grimaldi.
Dans une lettre au ministère grec de la Marine marchande, citée par le journal, le syndicat fustige aussi le manque de cabines et la piètre ventilation des cales réservées aux véhicules.
Conformément à la législation internationale, le ferry, construit en 1995, avait subi une visite de contrôle qui "s'est soldée par un résultat positif" le 16 février dernier, a précisé le groupe Grimaldi.
Le précédent incendie sur un ferry dans cette partie de la Méditerranée a eu lieu en décembre 2014 sur le Norman Atlantic, un navire italien, qui faisait route de Patras (Grèce) vers Ancône (Italie). Il avait fait 13 morts dont neuf passagers.
(T.Renner--BBZ)