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Les niveaux élevés de pollution à l'ozone en Asie provoquent chaque année en Chine, au Japon et en Corée du Sud des pertes de récoltes de riz, de blé et de maïs plus importantes qu'estimées précédemment, jusqu'à un quart du riz chinois, selon une étude publiée lundi.
Contrairement à l'ozone stratosphérique, la fameuse "couche d'ozone", qui protège la Terre des rayonnements ultraviolets, l'ozone des basses couches de l'atmosphère, polluant secondaire issu de réactions chimiques sous l'effet du soleil, devient toxique lorsque sa concentration augmente. Pour l'Homme comme pour l'environnement.
Et l'étude publiée lundi dans Nature Food montre que la pollution à l'ozone en Asie affecte plus les récoltes qu'on ne le pensait. Ce qui pose "un risque pour la sécurité alimentaire", alors que la région fournit 90% du riz mondial et 44% du blé, insiste le texte.
En Amérique du Nord et en Europe, les mesures anti-pollution "ont réussi à réduire les niveaux d'ozone (...) Nous devons répéter ce succès en Asie du Sud et de l'Est", a déclaré à l'AFP un des auteurs, Kazuhiko Kobayashi, de l'université de Tokyo.
De précédentes études sur les effets de l'ozone sur l'agriculture avaient parfois pris comme référence des variétés peu répandues en Asie ou testé la pousse des plantes seulement en pots.
Cette fois, les chercheurs se sont concentrés sur des variétés utilisées dans la région et ont incorporé des expériences en plein champ, pour évaluer l'impact de l'ozone sur le développement du riz, du maïs et du blé, à différents niveaux d'exposition au polluant.
Ils ont ensuite construit un modèle en utilisant les données de qualité de l'air de plus de 3.000 stations de mesures en Chine, en Corée du Sud et au Japon.
Selon leurs résultats, environ 33% des récoltes de blé en Chine sont perdues chaque année à cause de la pollution à l'ozone, 28% en Corée du Sud et 16% au Japon.
Pour le riz, les pertes moyennes sont estimées à 23% en Chine (avec une vulnérabilité plus grande pour les variétés hybrides), près de 11% en Corée du Sud et plus de 5% au Japon.
Au total pour les trois cultures, l'étude estime les pertes annuelles à 63 milliards de dollars, ce qui devrait "encourager à prendre des mesures" contre la pollution, espère Kazuhiko Kobayashi.
Les chercheurs notent que leurs résultats ont pu être affectés par le fait que les stations de mesure de la pollution de l'air sont installées principalement dans des zones urbaines et que les niveaux sont souvent plus élevés dans les zones rurales.
(K.Lüdke--BBZ)