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La première gorgée de bière, l'odeur de la viande grillée, la beauté d'une robuste vache montagnarde: loin du bruit du conflit qui secoue l'Europe, le public retrouvait samedi avec bonheur et appétit le chemin de la ferme, au Salon de l'agriculture.
"Elle est belle mais elle est petite, non ?" demande Valentin, 9 ans, à sa soeur, désignant Neige, la vache égérie de la 58e édition du salon et élite de la race montagnarde Abondance, 1,42 mètre au garrot pour plus de 650 kilogrammes.
"Elle a vu le président, il paraît", répond sa soeur. Certes loin de la tonne affichée par certaines races à viande - Neige donne du lait pour fabriquer un reblochon crémeux que n'a pas manqué de goûter le Premier ministre Jean Castex -, la star du salon attire les visiteurs, venus en nombre retrouver la grande foire parisienne, après une année blanche due au Covid-19.
Vers 09H00, le président Emmanuel Macron a coupé le ruban inaugural sous le regard de Neige, après un échange empreint de gravité avec syndicats et filières. Evoquant l'invasion russe de l'Ukraine, il a prévenu que cette guerre allait "durer" et appelé à la "résilience" du monde agricole, saluant la tenue de ce grand rendez-vous populaire.
"On est parties tôt ce matin en bus du Calvados, seulement pour la journée", raconte Sylvie Marie, 48 ans, femme de ménage, venue avec sa mère, sa sœur et sa fille. "C'est un vrai plaisir de revenir. Pour moi c'est un moyen de prendre l'air, voir du monde. Ça fait deux ans qu'on ne sort pas alors vous comprenez, ça fait du bien", se réjouit-elle auprès de l'AFP.
"On va voir les cochons !" hurle Thomas, 8 ans, qui découvre avec effarement que le porc cul noir du Limousin n'est pas rose et lisse mais "a des poils partout" avec des taches noires. Non loin, une famille cède au plaisir du selfie devant la Charolaise "Obama", colosse laineux et fameuse race à viande.
- Un vaccin pour l'occasion -
Etudiant, banquier, enseignante: beaucoup sont d'abord là pour "voir les animaux". En master de droit rural à Lyon, Justine Dupont, 22 ans, est venue spécialement pour les "ovinpiades": elle s'est fait "vacciner pour pouvoir être là" et soutenir son frère, qui participe à un concours de jeunes bergers.
Il y a les vieux habitués qui reviennent chaque année sur leur stand préféré - ici les fritures de l'Atlantique, là la crème d'ail de la Drôme - et ceux qui découvrent, souvent ébahis, la riche palette française, où l'orge sert à nourrir les bêtes, faire des pains et de la bière.
C'est à l'inverse une "première fois" pour Simon Jouanneau, 17 ans, qui suit "des études agricoles" dans le Loir-et-Cher. Il rêve d'avoir plus tard son exploitation bovine. "C'est l'occasion de voir des bêtes de concours avec un niveau génétique poussé", explique-il.
Au stand de la Bretagne, les nostalgiques de leur région sont accoudés au bar. Employé chez Google à Paris, Maxence Le Stunff, 25 ans, a fait venir ses deux meilleurs amis et son frère dans la capitale: "Ça fait plaisir de retrouver cette simplicité : j'ai vécu en Bretagne pendant 25 ans et il y avait des trucs que je ne connaissais même pas. Vous saviez qu'on faisait du fromage en Bretagne ? Ou du cidre au rhum ? En tout cas j'ai pu manger une galette saucisse, je suis content."
Avec son frère, Matthias, pêcheur de 21 ans, ils savourent leur premier grand événement depuis le Covid. Et "quand on boit l'apéro, on n'a pas le masque", s'enthousiasme Matthias en reprenant une gorgée de bière.
(O.Joost--BBZ)