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Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé lundi se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom en Russie, en raison de l'invasion russe en Ukraine, suivant l'exemple de son compatriote BP.
Comme ce dernier, Shell avait maintenu bon an mal an ces deux dernières décennies une présence en Russie malgré les tensions géopolitiques croissantes, essuyant parfois des revers mais conservant des relations cordiales avec les autorités. Il avait ainsi investi dans le controversé gazoduc Nord Stream 2, dont il compte désormais se délester.
"Notre décision de partir a été prise avec conviction", a assuré le directeur général de Shell, Ben van Beurden, dans un communiqué transmis à la Bourse de Londres.
"Nous sommes choqués par les pertes de vies humaines en Ukraine, que nous déplorons, résultant d'un acte insensé d'agression militaire qui menace la sécurité européenne", a-t-il déclaré.
Au total, les parts de Shell valaient fin 2021 trois milliards de dollars et avaient généré un bénéfice ajusté de 700 millions de dollars l'an dernier. Leur cession aura un impact financier, conduisant à des dépréciations dans les comptes, a prévenu le groupe.
Ces parts comprenaient notamment la participation de 27,5% de l'entreprise dans le gigantesque projet gazier Sakhaline-2 dans l'Extrême Orient russe, sur une île proche du Japon, où avait été ouverte la première unité de production de gaz naturel liquéfié en Russie.
Les autres projets concernés sont les gisements sibériens de Salym et Guydan, dans lesquels Shell détenait 50%.
Le groupe ajoute compter mettre fin à son investissement dans le gazoduc Nord Stream 2, construit mais abandonné par l'Allemagne et sanctionné par les Etats-Unis. Il avait financé jusqu'à 10% des 9,5 milliards d'euros qu'avait coûté le projet.
Dimanche soir, c'est BP qui avait annoncé se désengager du géant russe semi-public Rosneft. Il en détenait 19,75% (14 milliards de dollars fin 2021). Le groupe était présent depuis plus de 30 ans en Russie et figurait depuis 2013 parmi les actionnaires de Rosneft.
Il avait investi gros en Russie dans la co-entreprise TNK-BP, très rentable mais dont le fonctionnement avait été entravé par des conflits d'actionnaires qui avaient conclu au départ précipité de Russie de son patron d'alors en 2008. La société avait été rachetée alors par Rosneft, transformant le groupe détenu à majorité par l’État russe en mastodonte mondial.
Shell n'a pas échappé aux situations de crise avec ses projets russes.
En 2007, la société avait perdu le contrôle de Sakhaline-2 au profit de Gazprom, sur fond de reprise en main de précieux actifs énergétiques du pays par l’État russe.
Le groupe avait alors dû accepter de réduire sa part, de 55 à 27,5%.
(P.Werner--BBZ)