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De nombreux vacanciers russes à Cuba sont dans l'expectative sur leurs dates de retour après la fermeture de plusieurs espaces aériens aux compagnies russes, tandis que le tourisme cubain, moteur essentiel de l'économie, redoute les conséquences de la guerre en Ukraine.
"Ce que nous souhaitons, c'est rentrer chez nous en paix et en temps voulu", déclare à l'AFP Evgenia Darovskaya, une journaliste de 43 ans qui devait rentrer mardi en Russie avec sa famille, après 15 jours passés dans les eaux turquoises de la station balnéaire de Varadero.
La Russie a fermé lundi ses portes aux compagnies aériennes de 36 pays, en représailles à la fermeture de l'espace aérien de nombreux pays occidentaux aux avions russes.
La compagnie russe Aeroflot a retiré lundi la vente de billets à destination de Cuba, du Mexique et des Etats-Unis, tandis que la compagnie aérienne charter russe Azur Air a également suspendu ses vols vers Cuba, le Mexique et la République dominicaine, rapporte Prensa Latina, l'agence de presse cubaine officielle.
Le corps parfaitement bronzé, Dxana Lapushkina, une métallurgiste de 35 ans, s'insurge contre la fermeture des espaces aériens mais dit ne pas craindre de devoir prolonger son séjour, semblant ne pas vouloir voir ses vacances gâchées par l'actualité.
En revanche Evgenia Darovskaya, qui a des parents en Ukraine, dit avoir "peur" et il lui est "impossible de ne pas y penser". "Personne ne veut la guerre pour ses enfants", lance-t-elle en plongeant son regard dans les grands yeux bleus de sa fille.
- "Impact sur le tourisme" -
Cuba comptait sur les visiteurs russes, qui sont passés de 74.019 voyageurs en 2020 à 146.151 en 2021, pour relancer la machine touristique mise à l'arrêt depuis mars 2020 par la pandémie.
Autrefois les plus attirés par le charme cubain, la fréquentation des voyageurs canadiens s'est écroulée en raison du Covid, passant de 413.409 en 2020 à 68.944 en 2021.
"Les accords avec les tours opérateurs visaient à consolider ce flux de visiteurs (russes) en tant que marché important dans la difficile reprise touristique de l'île", déplore José Luis Perello, expert cubain en tourisme. Il redoute désormais "l'impact important" de la guerre "sur le tourisme international vers Cuba et toute la région des Caraïbes", qui va "accentuer la peur de voyager".
Cuba, allié de la Russie, n'a jamais condamné l'invasion de l'Ukraine. Lundi, le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez a exprimé sur Twitter l'engagement de Cuba en faveur du droit humanitaire international et appelé "les parties à protéger la population civile, ses biens et les infrastructures civiles en Ukraine".
Le 19 février, lors de la visite officielle à La Havane du vice-Premier ministre russe Iouri Borissov, Cuba avait vivement critiqué l'"hystérie propagandiste" de Washington contre la Russie et l'"expansion de l'Otan jusqu'à ses frontières".
Juan Gonzalez, conseiller du président américain Joe Biden pour les Amériques, a déclaré à la radio Voice of America que les sanctions internationales contre la Russie "auront un impact sur les pays qui ont des affiliations économiques avec la Russie, et c'est à dessein".
"Le Venezuela va commencer à ressentir cette pression, le Nicaragua va ressentir cette pression, tout comme Cuba. Mais en fin de compte, ce que nous voulons, ce sont des solutions négociées à la crise au Venezuela, un rétablissement de l'ordre démocratique au Nicaragua, et que les Cubains déterminent leur avenir, pas une dictature", a déclaré M. Gonzalez.
Dans la Vieille Havane, des groupes de touristes russes déambulent autour de leur guide de 55 ans qui a étudié l'ingénierie pétrolière au Kazakhstan il y a 25 ans. "J'ai des Russes et des Ukrainiens et ils s'entendent tous bien, aucun d'entre eux n'est pour la guerre", dit-il, maugréant contre "les politiciens qui gâchent tout".
(Y.Yildiz--BBZ)