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Électrique, connecté et peut-être N°1 mondial: Stellantis a affiché des ambitions dévorantes d'ici 2030 en visant un chiffre d'affaires doublé et des émissions de CO2 divisées par deux.
Le groupe compte lancer 75 modèles électriques d'ici à 2030 pour ses marques Peugeot, Opel, Fiat, Alfa Romeo ou Maserati, a indiqué son directeur général Carlos Tavares en présentant son plan stratégique à Amsterdam (Pays-Bas), où le groupe a son siège.
Un des symboles en sera Jeep, qui aura droit à son SUV 100% électrique début 2023. Le premier pick-up électrique de la marque Ram doit aussi aller sur les terres de Ford, Rivian ou Tesla sur le marché américain en 2023.
Le groupe issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler veut diviser ses émissions de carbone par deux d'ici à 2030 par rapport à celles de 2021, et les abaisser de 90% d'ici à 2038. Le groupe évoque un bilan "zéro émission carbone" avec 10% de compensation maximum.
Avec son objectif de ventes en Europe, Stellantis rejoint les groupes Volvo et Ford ou encore la marque Renault, devance l'objectif de la Commission européenne qui vise l'année 2035, alors même que Carlos Tavares s'est montré longtemps dubitatif.
"On n'attend pas d'être poussés dans le dos", a souligné le patron portugais. Il essaie de convaincre les investisseurs qu'il retrouvera dans ses profits les 30 milliards d'euros qu'il investit pour son électrification. Mais aussi qu'il peut bouger aussi rapidement que les nouveaux acteurs de la voiture électrique comme Tesla.
"Ils ont à apprendre de nous et on doit apprendre d'eux", a-t-il souligné. Le groupe a lancé un fond de 300 millions d'euros pour soutenir des start-up. Il recrute des ingénieurs en informatique et envisage 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans les logiciels en 2030.
"On ne va pas se laisser +cornériser+ par cette étiquette de dinosaure. Ça fait un siècle qu'on est là et on sera encore là pendant deux siècles", avait commenté M. Tavares plus tôt mardi, lors d'une rencontre avec des journalistes.
Il a cependant reconnu que "dans l'univers qui est le nôtre, raisonner à dix ans est un peu maboul".
-300 milliards de chiffre d'affaires-
Sur un marché automobile atone, le groupe a déjà enregistré en 2021 d'énormes profits pour sa première année d'existence, avec une marge opérationnelle de 11,8% contre 10% prévus, et promet des "marges opérationnelles courantes à deux chiffres tout au long de la décennie", avec des dividendes de 25 à 30% d'ici 2025.
Il vise à doubler son chiffre d'affaires (152 milliards d'euros en 2021) d'ici à 2030 en profitant de l'électrification du marché et de gains de productivité, a-t-il annoncé mardi. Si ce chiffre est atteint, Stellantis se verrait passer N°1 mondial devant Toyota et Volkswagen
En multipliant les synergies et en augmentant ses prix, malgré des ventes freinées par la pénurie de puces électroniques, il a presque triplé les bénéfices nets des groupes précédents, à 14,3 milliards d'euros.
Il vise à diminuer de 40% ses coûts de conception et de distribution des véhicules, et enregistrer les 5 milliards d'économies liées à la fusion d'ici fin 2024.
Il veut également faire des économies en renégociant avec ses concessionnaires.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie pourrait ralentir davantage les ventes de véhicules en Europe, même si les activités de Stellantis sont "marginales" en Russie.
Le groupe possède une petite usine près de Moscou où 3.000 salariés fabriquent 11.000 véhicules utilitaires par an, en partenariat avec Mitsubishi, et la "logistique terrestre" y est "de plus en plus difficile".
En Ukraine, 71 Ukrainiens qui travaillent pour une filiale commerciale du groupe sont "suivis heure par heure", a indiqué M. Tavares, précisant que deux manquaient à l'appel. Il a annoncé le lancement d'un fonds pour les réfugiés ukrainiens.
(T.Renner--BBZ)