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La guerre en Ukraine et les craintes pour l'approvisionnement en matières premières propulsaient les cours du pétrole au plus haut depuis près d'une décennie mercredi, tandis que le gaz naturel et l'aluminium atteignaient de nouveaux records.
La flambée des cours de l'or noir est repartie de plus belle après la décision des pays exportateurs de l'Opep+, menés par l'Arabie saoudite et la Russie, de ne pas augmenter plus que prévu leur production, malgré l'ascension des cours, qui attise une inflation galopante.
Le WTI américain cotait 110,67 dollars, en hausse de 7,48% vers 13H45 GMT après avoir grimpé jusqu'à 112,51 dollars, un record depuis 2013. Le Brent de la mer du Nord gagnait 7,59% après avoir atteint 113,94 dollars, un plus haut depuis 2014.
L'inflation dans la zone euro a ainsi pulvérisé un nouveau record en février, à 5,8% sur un an, stimulée par la flambée de l'énergie, mais aussi désormais de l'alimentation, et la guerre en Ukraine fait craindre une accélération encore plus forte.
Le gaz naturel était lui aussi entraîné à la hausse, le TTF néerlandais s'envolant de 36.27% à 168,77 euros le mégawhattheure (MWh), après avoir touché 194,715 euros, un sommet historique.
Le gaz britannique tutoyait pour sa part son record historique de décembre dernier.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine a conduit l'Union européenne et les États-Unis en tête à imposer de fortes sanctions à Moscou, alimentant les craintes de voir les exportations russes d'énergie interrompues.
La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l'Union européenne.
"L'économie mondiale est actuellement confrontée à une pénurie d'énergie", affirme Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb.
"La guerre en Ukraine entraîne une forte réduction des exportations énergétiques de la Russie, même si celles-ci sont exemptées de sanctions" pour le moment, poursuit l'analyste. "Les transporteurs s'abstiennent de prendre des cargaisons d'énergie russe par crainte d'éventuelles sanctions et des risques qu'ils encourent quant à leur réputation."
"Le risque est désormais que l'Occident subisse une pression croissante pour sanctionner les exportations russes de pétrole et de gaz", estime Neil Wilson, analyste chez Markets.com, de quoi encore galvaniser les cours de l'énergie.
L'UE a débranché sept banques russes du système financier international Swift, mais a pris soin d'épargner deux gros établissements financiers très liés au secteur des hydrocarbures, en raison de la forte dépendance de plusieurs Etats européens au gaz russe.
Le conflit russo-ukrainien intervient au moment où les prix du brut étaient déjà en train de grimper fortement en raison de l'insuffisance de l'offre et d'une forte reprise de la demande dans le monde provoquée par la levée, dans de nombreux pays, des restrictions sanitaires imposées pour lutter contre la pandémie.
L'annonce mardi par l'Agence internationale de l'énergie de la mise sur le marché de 60 millions de barils tirés des réserves de ses pays membres - dont la moitié débloqués par les Etats-Uni - n'a en rien calmé les cours.
"A moins d'un apaisement géopolitique (...) nous pourrions voir une poursuite de cette tendance" avec "des effets domino sur la plupart des types d'actifs et sur les prix à la consommation", avertit Walid Koudmani, de XTB.
- Flambée des métaux industriels -
Les métaux industriels étaient déjà entraînés dans la course folle, "les ruptures d'approvisionnement en provenance de Russie étant de plus en plus probables", souligne Daniel Briesemann, de Commerzbank.
Le géant danois du transport maritime Maersk a annoncé mardi la suspension des nouvelles commandes en provenance et à destination des ports russes, hors denrées alimentaires, médicales et humanitaires, du fait des sanctions internationales.
"Si d'autres compagnies maritimes suivent cet exemple, il deviendra sans doute de plus en plus difficile d'exporter des matériaux depuis la Russie", poursuit l'analyste.
Le LME Index, indice qui intègre les prix de l'aluminium, du cuivre, du plomb, du nickel, de l'étain et du zinc échangés sur le marché des métaux London Metal Exchange, avait également atteint mardi un sommet historique, témoignant de la flambée générale des cours des métaux industriels.
Un mouvement particulièrement marqué pour l'aluminium et le nickel, qui dépendent fortement des exportations russes.
La tonne d'aluminium a atteint mercredi 3.580 dollars sur le marché londonien des métaux de base (London Metal Exchange, LME), un nouveau sommet historique, quand le nickel a battu un nouveau record depuis 2011 à 26.505 dollars la tonne.
En 2021, la Russie était le troisième producteur d'aluminium au monde après la Chine et l'Inde, selon les données du World bureau of metal statistics, et exporte une grande partie de sa production vers la Turquie, le Japon, la Chine, les États-Unis et l'Union européenne.
(L.Kaufmann--BBZ)