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Les "conséquences" de la guerre en Ukraine pour l'économie américaine sont "très incertaines" mais cela n'empêchera pas la Banque centrale américaine de relever ses taux d'intérêt dans deux semaines, a affirmé mercredi Jerome Powell, le président de l'institution.
"Le conflit provoque d'énormes difficultés pour le peuple ukrainien", a souligné le patron de la Réserve Fédérale (Fed) lors d'une audition devant la Chambre des représentants. Et "les effets à court terme sur l'économie américaine de l'invasion de l'Ukraine, la guerre en cours, les sanctions, et des événements à venir, restent très incertains", poursuit-il.
"Nous suivrons de près la situation", a-t-il également déclaré, relevant que les dirigeants de la Fed devront faire preuve d'une "grande souplesse" en fonction des données économiques et de l'évolution des perspectives de la première économie mondiale.
"Prendre des décisions de politique monétaire appropriées" dans un contexte de guerre en Ukraine, de sanctions économiques draconiennes imposées entre autres par les États-Unis à la Russie et d'événements potentiellement imprévisibles "exige une reconnaissance que l'économie évolue de façon inattendue", a-t-il également souligné.
Pour autant, M. Powell estime qu'il reste "approprié" d'augmenter les taux lors d'une réunion les 15 et 16 mars prochains compte tenu de l'inflation. Cela pourrait notamment permettre de tempérer les prix dans le secteur immobilier, a-t-il fait valoir.
Il a aussi précisé qu'il proposerait une hausse de 0,25% des taux d'intérêt.
De plus, si l'inflation s'avérait plus élevée, "nous serions prêts à agir de manière plus agressive en augmentant le taux des fonds fédéraux de plus de 25 points de base lors d'une réunion ou de réunions" plus tard dans l'année, a-t-il ajouté.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie complique néanmoins sérieusement la tâche de la puissante institution financière américaine puisque cette offensive est intervenue au moment où les prix, en particulier de l'énergie, étaient déjà très élevés partout dans le monde, du fait de l'insuffisance de l'offre et d'une forte reprise de la demande internationale liée à la levée des restrictions contre la pandémie de Covid-19 dans de nombreux pays.
- "Stabilité des prix" -
Aux États-Unis, l'inflation est déjà au plus haut depuis 40 ans. Et pour tenter de juguler la spirale des prix, la Fed avait d'ores et déjà indiqué qu'elle allait augmenter ses taux d'intérêt qui sont quasiment à zéro depuis le début de la pandémie.
Les taux directeurs se trouvent en effet, depuis mars 2020, dans la fourchette basse de 0 à 0,25%.
Avant le conflit en Europe de l'Est, certains économistes tablaient sur une hausse importante.
M. Powell était donc très attendu mercredi et jeudi lors de ses auditions devant le Congrès américain.
Pour l'heure, il a rappelé qu'aux États-Unis, "l'activité économique a repris à un rythme soutenu de 5,5% l'an dernier, reflétant les progrès des vaccinations et la réouverture de l'économie", mais aussi grâce au soutien de la Fed et du gouvernement.
De plus, si la propagation rapide du variant Omicron pendant l'hiver a entraîné "un certain ralentissement de l'activité économique au début de cette année", un reflux rapide des cas de contaminations depuis la mi-janvier a finalement provoqué un coup d'arrêt "bref", estime-t-il.
Surtout, "le marché du travail est extrêmement tendu" avec 6,7 millions d'emplois créés en 2021, des gains d'emplois "robustes en janvier" et des salaires qui augmentent "à leur rythme le plus rapide depuis de nombreuses années", relève-t-il.
Si l'on ajoute un taux de chômage qui a considérablement diminué au cours de l'année dernière, situé à 4% en janvier, et hors guerre en Ukraine, toutes les conditions sont réunies pour une série de hausses des taux d'intérêt cette année.
"Nous savons que la meilleure chose que nous puissions faire pour soutenir un marché du travail fort est de promouvoir une expansion durable, et cela n'est possible que dans un environnement de stabilité des prix", a également souligné Jerome Powell.
Il a enfin répété que la Fed table toujours sur un ralentissement de l'inflation "au cours de cette année à mesure que les contraintes d'offre s'atténuent et que la demande se modère".
(A.Berg--BBZ)