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Au moins treize personnes ont été tuées lundi dans un bombardement sur Makariv, ville située sur l'un des grands axes menant à Kiev depuis l'ouest, alors que Russes et Ukrainiens entamaient un troisième round de négociations pour évacuer les civils des villes encerclées par l'armée russe.
Au douzième jour de l'invasion russe de l'Ukraine, les bombardements sur Makariv ont touché une boulangerie industrielle, selon les services de secours ukrainiens. Environ trente personnes s'y trouvaient, selon les services de secours ukrainiens.
Ce nouveau bombardement meurtrier survient alors que l'armée russe poursuit son avancée vers la capitale, Kiev, qui s'attend à une attaque "dans les jours qui viennent", selon le ministère ukrainien de l'Intérieur.
"Chaque maison, chaque rue, chaque poste de contrôle résistera jusqu'à la mort s'il le faut", a promis le maire de Kiev et ex-champion de boxe Vitali Klitschko, dans une vidéo sur Instagram.
La situation humanitaire s'aggrave aussi de jour en jour, avec plusieurs villes assiégées où les vivres commencent à manquer et des flots d'habitants tentant désespérément d'en sortir.
A Irpin, dernière ville-verrou avant Kiev en venant de l'ouest, 10.000 personnes ont emprunté ces derniers jours une improbable planche de bois, à moitié enfoncée dans l'eau, pour fuir les bombardements. Le pont de béton, béant au-dessus de la rivière, a été détruit par les forces ukrainiennes.
Enfants, personnes âgées - certaines portées sur des tapis servant de brancard - et familles abandonnent poussettes, valises trop lourdes pour s'engouffrer dans les bus et camionnettes.
"Je suis si heureuse d'avoir réussi à passer, ça va aller maintenant", dit Olga, 48 ans, passée par la route d'évacuation avec ses deux chiens.
La cité portuaire d'Odessa, sur les bords de la mer Noire, est aussi de plus en plus menacée. Des familles affolées ont confié de vieux parents malades, trop faibles pour fuir la ville, ainsi que leurs animaux domestiques au monastère Archangelo Mikhailovsky, aux coupoles dorées et grises, a constaté l'AFP.
- "Cynisme politique" -
"Mais nous ne pourrons pas prendre tout le monde, hélas ! Ça devient trop difficile à gérer et nous arrivons à court d'argent", confie la responsable du monastère, Mère Serafim.
De nouveaux combats ont aussi eu lieu près de Soumy, dans le nord-est, selon le chef de l'administration militaire de la région, Dmitri Jivitsky. "Il y a des morts", a-t-il écrit sur Telegram.
Dans ce contexte, les délégations russe et ukrainienne se sont retrouvées à la frontière polono-bélarusse, pour un troisième round de négociations consacré aux couloirs humanitaires. Les deux précédents rounds n'ont pas donné de résultats.
Moscou avait annoncé lundi matin l'instauration de cessez-le-feu locaux et l'ouverture de couloirs pour permettre l'évacuation de civils de plusieurs villes d'Ukraine - dont Kiev et Kharkiv, la deuxième ville du pays, dans l'est - sous un feu nourri depuis plusieurs jours.
Mais l'Ukraine a refusé d'évacuer les civils vers la Russie. Quatre des six couloirs proposés par Moscou allaient vers la Russie ou le Bélarus, pays allié de Moscou depuis lequel l'armée russe est aussi entrée en Ukraine le 24 février.
"Tout ça n'est pas sérieux, c'est du cynisme moral et politique, qui m'est insupportable", a renchéri le président français Emmanuel Macron, un des rares dirigeants occidentaux qui continuent à échanger avec le maître du Kremlin, Vladimir Poutine.
L'armée russe avait affirmé que la décision d'ouvrir des couloirs humanitaires a été prise après une "demande personnelle" du président français adressée à son homologue russe.
Le représentant russe aux pourparlers entre Moscou et Kiev, Vladimir Medinski, a lui accusé l'Ukraine d'empêcher l'évacuation des civils de zones de combats et de les "utiliser directement et indirectement, y compris comme bouclier humain, ce qui est bien sûr un crime de guerre".
- "Provocations"-
Lors d'un échange avec le président du Conseil européen, Charles Michel, le président russe a accusé les "bataillons nationalistes ukrainiens d'entraver (les évacuations) en recourant aux violences et à diverses provocations".
Le dirigeant européen lui a demandé de "garantir un passage sûr de l'aide humanitaire".
L'Union européenne a par ailleurs lancé lundi la procédure pour l'examen des demandes d'adhésion de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie, déposées la semaine dernière, ce qui pourrait exacerber plus encore les tensions avec Moscou.
Ces trois ex-républiques soviétiques s’estiment menacées par les prétentions territoriales de Moscou et revendiquent un ancrage à l’Ouest. Plusieurs Etats membres ont soutenu la démarche des trois pays, mais la procédure est longue et une adhésion à l'UE exige l'unanimité.
- 1,7 million de réfugiés
Les Ukrainiens continuent aussi à prendre massivement la route de l'exil. La guerre a déjà poussé plus de 1,7 million de personnes à se réfugier dans les pays voisins, selon l'ONU.
L'Europe peut s'attendre à recevoir cinq millions d'exilés si les bombardements des villes se poursuivent, a estimé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Le ministre de l'Education Sergiy Shkarlet a précisé de son côté que 211 écoles avaient été endommagées dans les bombardements. La Britannique J.K. Rowling, autrice de la célèbre saga de romans jeunesse Harry Potter, a lancé de son côté un appel aux dons pour aider les enfants piégés dans des orphelinats, promettant d'apporter jusqu'à un million de livres sterling (1,2 million d'euros).
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, qualifiée d'"opération militaire spéciale" par Moscou, au moins 406 civils ont été tués et 801 blessés, selon le Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme de l'ONU. Le HCR souligne cependant que ses bilans sont très inférieurs à la réalité, car ils n'incluent que des informations dûment confirmées.
La diplomatie tente aussi de reprendre ses droits, avec une rencontre annoncée des ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, ukrainien Dmytro Kuleba et de leur homologue turc Mevlüt Cavusoglu jeudi en Turquie. Kiev n'a cependant pas encore confirmé sa participation.
Mais les espoirs de succès sont minces, Vladimir Poutine continuant de poser comme condition préalable à tout dialogue l'acceptation par Kiev de toutes les exigences de Moscou, notamment la démilitarisation de l'Ukraine et un statut neutre pour le pays.
Le président américain Joe Biden devait s'entretenir à 15H30 GMT avec Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Boris Johnson, alors que les Occidentaux réfléchissent à un possible embargo sur les exportations de pétrole russe.
L'Allemagne, très dépendante des hydrocarbures russes, s'y oppose. Ces importations sont "essentielles" pour la "vie quotidienne des citoyens" en Europe et l'approvisionnement du continent ne peut pas être assuré autrement à ce stade, a averti Olaf Scholz.
L'aggravation du conflit et la crainte d'un embargo pétrolier ont continué de faire flamber les prix du pétrole. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord s'envolait de 3,62% à 122,39 dollars dans la journée après s'être rapproché des 140 dollars à l'ouverture.
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(L.Kaufmann--BBZ)