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Les Etats-Unis et leurs alliés sont encore montés d'un cran dans l'escalade des sanctions contre Moscou, en décidant d'exclure la Russie du régime normal de réciprocité régissant le commerce mondial, ce qui ouvre la voie à l'imposition de tarifs douaniers punitifs en réponse à l'invasion de l'Ukraine.
"Les États-Unis, nos alliés et partenaires continuent de travailler de concert pour accroître les pressions économiques sur (Vladimir) Poutine et isoler davantage la Russie sur la scène mondiale", a déclaré vendredi le président américain depuis la Maison Blanche.
Joe Biden a précisé s'être entretenu vendredi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui réclame encore plus de sanctions de la part des Occidentaux pour combattre l'armée russe et asphyxier financièrement Moscou.
L'hôte de la Maison Blanche a en outre annoncé l'interdiction d'importations de "secteurs phares de l'économie russe, notamment les produits de la mer, la vodka et les diamants".
Dans la foulée de cette annonce, le département américain du Commerce a annoncé l'interdiction des exportations de produits de luxe, dont les bijoux, voitures, vêtements et antiquités, à destination de la Russie et du Bélarus.
- Opulence -
"Nous ne permettrons pas à (Vladimir) Poutine et à ses amis de continuer à vivre dans l'opulence tout en causant d'énormes souffrances dans toute l'Europe de l'Est", a justifié la secrétaire américaine au commerce Gina Raimondo.
L'Union européenne a emboîté le pas de Washington, en annonçant à son tour une interdiction de ses propres produits de luxe.
L'UE et le G7 se sont par ailleurs joints à Washington pour révoquer le statut dit de "nation la plus favorisée" dont bénéficie Moscou, qui facilite le libre-échange de biens et services.
En ce qui concerne les Etats-Unis, la Russie rejoindra ainsi Cuba et la Corée du Nord, seuls pays exclus par la première puissance mondiale du principe de réciprocité qui fonde l'essentiel des relations commerciales internationales.
La décision finale sur cette nouvelle sanction revient aux Etats-Unis au Congrès, ce qui devrait être une formalité, démocrates et républicains ayant d'ores et déjà signalé leur soutien à l'arrêt des relations commerciales normales avec la Russie.
La Chambre des représentants votera dès la semaine prochaine.
La clause de la nation la plus favorisée est un pilier du libre-échange.
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) exige notamment que tout avantage commercial – comme une réduction des tarifs douaniers – accordé par un membre soit automatiquement appliqué à tous les autres.
Moscou, qui a rejoint l'OMC en 2012, bénéficiait depuis de ce régime.
- 30 milliards -
Les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Russie sont certes limités mais cette décision est un nouveau coup dur porté à l'économie russe.
L'an dernier, les Etats-Unis ont importé pour quelque 30 milliards de dollars de produits russes - dont 17,5 milliards de dollars de pétrole brut, une marchandise sur laquelle Washington vient tout juste de décréter un embargo pur et simple.
Cette nouvelle sanction s'ajoute à plusieurs salves de mesures occidentales destinées à couper peu à peu les liens économiques et financiers du pays dirigé par Vladimir Poutine avec le reste du monde.
Ces sanctions ont déjà eu un impact dévastateur sur l'économie russe, au point que le pays est désormais, selon l'agence Fitch, menacé d'un défaut de paiement.
Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international, a elle-même souligné jeudi que ce n'était plus "un événement improbable" et prévenu que la Russie allait connaître "une profonde récession".
Le rouble bat des records de faiblesse tandis que nombre d'entreprises occidentales ont suspendu leurs activités dans le pays.
Joe Biden, s'adressant vendredi aux élus démocrates de la Chambre des représentants réunis à Philadelphie (nord-est), a lui rappelé que le marché boursier russe était fermé depuis deux semaines: "Et vous savez pourquoi? (...) Parce qu'au moment où il rouvrira, ce sera la débandade, il implosera".
La guerre en Ukraine a aussi des conséquences pour l'économie mondiale toute entière, qui se remet à peine de la pandémie de Covid-19, en raison notamment de l'explosion du cours des matières premières.
(G.Gruner--BBZ)