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Les forces russes resserraient l'étau sur Kiev samedi et continuaient sans répit les bombardements sur d'autres villes ukrainiennes, touchant notamment plusieurs hôpitaux à Mykolaïv et la cité portuaire stratégique de Marioupol, déjà dévastée par près de deux semaines de siège.
Dans la ville portuaire de Mykolaïv (sud), les bombardements n'ont quasiment pas cessé de la nuit, touchant notamment un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, selon une journaliste de l'AFP.
"Ils ont tiré sur ces zones civiles, sans aucun objectif militaire", s'est indigné Dmytro Lagotchev, le chef de l'hôpital.
Samedi matin, les médias locaux rapportaient que des sirènes d'avertissement anti-bombardement sonnaient sur l'ensemble du territoire ukrainien, notamment à Kiev, Odessa, Dnipro et Kharkiv.
Les frappes russes ont notamment détruit l'aéroport de Vassylkiv samedi matin, à environ 40 kilomètres au sud de Kiev, et un dépôt de pétrole, également touché, a pris feu, selon les autorités locales.
Assiégée depuis douze jours, Marioupol, à court de nourriture, est aussi privée d'eau, de gaz, d'électricité, de communications. Une situation "quasi désespérée", selon Médecins sans frontières (MSF). "La pire catastrophe humanitaire sur la planète" selon le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba qui a chiffré vendredi à 1.582 le nombre de civils tués.
"Les sièges sont une pratique médiévale", a dénoncé auprès de l'AFP Stephen Cornish, l'un des coordinateurs de MSF en Ukraine.
Une nouvelle tentative de couloir d'évacuation était aussi prévue pour permettre aux civils de sortir, en direction de Zaporojie, à quelque 200 kilomètres plus au nord, selon le gouvernement ukrainien.
Le ministère de la Défense russe a de son côté fait état de la livraison par l'armée russe de plus de 100 tonnes d’aide humanitaire "aux colonies libérées de la région de Kharkiv" (nord-est).
C'est aussi à Kharkiv, que les médecins d'un hôpital ont raconté à l'AFP avoir passé deux jours à pomper les cendres de l'estomac d'un enfant de huit ans dont la maison avait été soufflée par un missile russe, sans réussir à enlever toutes celles présentes dans les poumons.
Ces attaques touchant des civils ont suscité une nouvelle vague d'accusations selon lesquels la Russie commet des crimes de guerre.
Vladimir Poutine a en retour accusé samedi les forces ukrainiennes de "violations flagrantes" du droit humanitaire, lors d'un appel téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.
M. Poutine a évoqué des "assassinats extrajudiciaires d'opposants", des "prises d'otages de civils" et leur "utilisation comme boucliers humains", ainsi que le "déploiement d'armes lourdes dans des zones résidentielles, à proximité d'hôpitaux, d'écoles et de jardins d'enfants", selon un communiqué du Kremlin.
- Kiev, "ville assiégée" -
S'ils visent les villes de Kryvy Rig, Kremenchug, Nikopol et Zaporojie, selon l'armée ukrainienne, les Russes ont pour principale cible Kiev.
Présents dans les faubourgs de la capitale, ils cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités pour la "bloquer", selon l'état-major ukrainien.
Les banlieues nord-ouest, notamment Irpin et Bucha, ont déjà subi des jours de bombardements intensifs, tandis que les véhicules blindés russes avancent par le nord-est. Samedi, des journalistes de l'AFP à Kiev ont constaté qu'une colonne d'épaisse fumée noire s'élevait à l'est de la capitale.
Le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak a qualifié vendredi Kiev de "ville assiégée", en en faisant "un symbole de la résistance" du pays.
L’armée russe fait de son côté état d’avancées sur le front de la région séparatiste du Donbass (est de l'Ukraine), affirmant avoir détruit "au total 3.491 infrastructures militaires ukrainiennes", dont "123 véhicules aériens sans pilote, 1.127 chars et autres véhicules de combat blindés".
L’état-major général ukrainien a, lui, assuré sur Facebook que la Russie avait perdu plus de 12.000 soldats, 1.205 blindés, depuis le lancement de l'invasion russe le 24 février.
Le président Zelensky, qui a précisé que ces pertes "énormes" comprenaient "presque 60 avions et plus de 80 hélicoptères", a appelé à "ne pas réduire l'intensité de la défense" dans cette guerre "patriotique", "pour l'indépendance", alors que, selon lui, "l'ennemi" fait désormais appel à "des réservistes, des conscrits, des mercenaires".
Près de de 2,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février et environ deux millions de personnes sont aussi déplacées à l'intérieur du pays, selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés.
- Pressions économiques et diplomatie -
Volodymyr Zelensky a appelé samedi le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz à aider à faire libérer le maire de la ville ukrainienne de Melitopol, enlevé la veille par les Russes, selon Kiev.
"Nous attendons des dirigeants du monde qu'ils nous montrent comment ils peuvent peser sur la situation", a-t-il dit.
Ses appels à une intervention de l'OTAN sont restés lettre morte mais le camp occidental a envoyé des fonds et une aide militaire à Kiev. Vendredi, le président américain Joe Biden a une nouvelle fois exclu toute action directe contre la Russie, dotée de l'arme nucléaire, en prévenant que cela conduirait à une "troisième guerre mondiale". Mais il a aussi prévenu que la Russie paierait "le prix fort" en cas de recours à des armes chimiques en Ukraine.
Les Occidentaux ont privilégié les pressions économiques qu'ils ont accentuées vendredi en ouvrant la voie à des droits de douane punitifs contre Moscou. Washington a en outre annoncé l'interdiction de produits russes emblématiques tels que la vodka, les fruits de mer et les diamants. États-Unis et Union européenne ont également décidé d'arrêter l'exportation de leurs produits de luxe vers la Russie.
L'escalade de sanctions pourrait se poursuivre, a averti vendredi le président français Emmanuel Macron à l'issue d'un sommet des dirigeants européens, à Versailles (près de Paris).
De son côté, Dmitri Rogozine, le patron de l'agence spatiale russe a lancé une mise en garde : les sanctions pourraient, selon lui, provoquer la chute de la Station spatiale internationale (ISS) en affectant le segment russe de la station qui sert notamment à corriger l'orbite de la structure orbitale.
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(B.Hartmann--BBZ)