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Les dépôts pétroliers de Lorient et Brest étaient bloqués mardi par des transporteurs, des agriculteurs ou encore des pêcheurs pour dénoncer la hausse du prix des carburants, a-t-on appris de sources concordantes.
À Brest, des palettes et des troncs de bois brûlaient devant le dépôt et plusieurs affiches étaient déployées, sur lesquelles il était notamment écrit "gasoil trop cher, bateau à terre" ou "gasoil trop cher on l'a dans le derrière", a constaté une journaliste de l'AFP.
Environ 200 personnes, dont une centaine de pêcheurs, étaient présentes sur place et une quarantaine d'engins (camions, tracteurs) étaient garés aux abords du dépôt, empêchant la sortie des camions.
"On commence à hausser le ton et ça va aller de plus en plus si on n'est pas écoutés et qu'on n'a pas des mesures rapides et d'urgence", a assuré à l'AFP Sébastien Le Prince, patron-pêcheur de Loctudy, dans le sud du Finistère. Selon lui, dans ce département, les bateaux de pêche du Guilvinec, premier port de pêche artisanale de France, de Saint-Guénolé et de Loctudy étaient tous "à l'arrêt" mardi.
"On ne peut pas répercuter la hausse du carburant sur le poisson. Un kilo de lotte aujourd'hui à 5 euros, demain il sera à 5 euros, voire à 4,80, malgré la hausse du pétrole. On ne peut rien faire, on est comme les agriculteurs à qui on dicte le prix du porc", a-t-il expliqué.
"On va rester ici jusqu'à ce que l'on soit entendus", a affirmé François Calvez, président de la branche finistérienne de la Confédération nationale des artisans des travaux publics et du paysage (CNATP). "On perd tous de l'argent à aller au boulot", a-t-il dit.
Dans le Morbihan, à Lorient, "il y a un blocage par les transporteurs, les pêcheurs, les travaux publics, les agriculteurs", a déclaré à l'AFP Marc Lhonoré, directeur du dépôt pétrolier. "Je ne sais pas jusqu'à quand ça va durer", a-t-il ajouté.
La préfecture du Morbihan a indiqué que la situation était "calme".
- "Travail à perte" -
Sur place, Norbert Guillou, président de la branche du Morbihan de la CNATP, a indiqué par téléphone à l'AFP qu'il y avait 200 personnes et une centaine de camions et véhicules.
"Il y a des routiers, des taxis, des pêcheurs, des agriculteurs, des ambulanciers, des pêcheurs...Tous ceux qui utilisent du carburant", a-t-il énuméré.
"On restera tant que le gouvernement n'aura pas pris la bonne décision et n'aura pas gelé les taxes. Car on a basculé en dessous du seuil de rentabilité, tout le monde travaille à perte. S'il faut rester dix jours, on restera dix jours", a-t-il promis.
Ce dépôt à Lorient a été bloqué pendant 18 jours en 2018 et dix jours en 2019 pour demander le maintien du "Gazole non routier" (GNR) pour les professionnels, a-t-il rappelé.
Lundi après-midi, une quarantaine de transporteurs routiers s'étaient rassemblés devant la préfecture de Bretagne à Rennes, à l’appel de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), pour dénoncer la hausse du prix des carburants.
"Quand on doit mettre 800 euros de plus de gasoil par semaine, forcément, ça pique. Je pense que dans trois mois, s’il n’y a pas de mesures prises rapidement, c’est fini pour moi qui ai cinq véhicules mais aussi pour d’autres qui ont plus de véhicules", s'est inquiété Nicolas G., transporteur routier basé dans le Morbihan.
(A.Lehmann--BBZ)