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La guerre en Ukraine s'invite à la table: les négociations commerciales entre industriels de l'agroalimentaire et grande distribution à peine achevées le 1er mars, le gouvernement a convoqué l'ensemble des acteurs vendredi matin pour "entamer de nouvelles négociations" en raison de la flambée des coûts de production.
"Compte tenu de la modification substantielle des conditions économiques, les distributeurs doivent adapter les contrats les liant à de nombreux fournisseurs", a déclaré mercredi Julien Denormandie. Pour le ministre de l'Agriculture, "de nouvelles négociations doivent être ouvertes sur la base d'un dialogue transparent et constructif entre les parties".
La réunion en visioconférence débutera à 10H30, réunissant distributeurs, industriels et agriculteurs, a-t-on indiqué au ministère de l’Agriculture.
- "Explosion des charges" -
Chaque année, la période de négociations commerciales permet de déterminer le prix de nombreux produits vendus ensuite en grandes surfaces et fait l'objet d'âpres luttes entre industriels et grande distribution.
La tension était encore plus importante cette année en raison de l'inflation du coût des matières premières agricoles d'une part et des coûts industriels (énergie, emballages, transport) d'autre part. Certains secteurs comme l'industrie sucrière pour le traitement de la betterave ou laitière pour la fabrication du lait en poudre sont en première ligne, du fait de leur consommation d'énergie.
Finalement, le gouvernement avait annoncé que le prix des produits alimentaires payés aux industriels allait augmenter de l'ordre de 3% en France en 2022, une première depuis 2014.
Mais les négociations se sont largement tenues avant le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février, qui entraîne selon la présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Christiane Lambert, une "explosion des charges".
Pour Dominique Chargé, représentant des 2.200 coopératives agricoles françaises, la réouverture des négociations commerciales est une "nécessité absolue" car "il y a mécaniquement une hausse des coûts de production qui devra être répercutée vers nos clients".
- Demande de "transparence" -
"Les acteurs de la distribution s'adapteront à l'appel du gouvernement à tenir compte du coût de la matière première agricole", réagit auprès de l'AFP le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel. Mais pour lui, cela "va passer en priorité par la mise en oeuvre des clauses de révision et de renégociations déjà prévues dans les contrats" signés jusqu'au 1er mars.
"Il ne s'agit pas de faire le match retour des négociations", dit-il encore, attendant de la "transparence de la part des fournisseurs quant à l'impact des évolutions nouvelles".
Dans son discours mercredi, Julien Denormandie précisait que les discussions devaient passer par "la mise en oeuvre des mécanismes d'indexation et de renégociation", et porter également sur le "cadrage des pénalités logistiques". Ces dernières sont des sanctions pécuniaires imposées par les groupes de la grande distribution à leurs fournisseurs en cas de prestations jugées insuffisantes, comme des retards de livraison par exemple.
"Pour les produits dont on sait que la matière première vient d'Ukraine ou de Russie, il est clair que des mesures doivent être prises sur les pénalités logistiques pour tenir compte des difficultés d'approvisionnement", abonde Jacques Creyssel.
Quel sera l'impact pour les consommateurs? Pour Christiane Lambert, de la FNSEA, "il va falloir oser parler de hausses substantielles" du prix de l'alimentation.
Mais le sujet est d'autant plus sensible que le pouvoir d'achat est la principale préoccupation des Français, à moins d'un mois de l'élection présidentielle. Selon le panéliste NielsenIQ, la hausse moyenne des prix en février 2022 (par rapport à février 2021) est modérée, à 0,52%, mais beaucoup plus notable sur les marques de distributeurs premiers prix (+2,85%), pour lesquelles la matière première représente la part la plus importante du prix.
(A.Berg--BBZ)