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Le géant de l’agroalimentaire et des produits d'hygiène Unilever, sous pression d'actionnaires qui questionnent sa stratégie après une tentative de rachat avortée, a dévoilé mardi une réorganisation comprenant la suppression d'environ 1.500 postes d'encadrement.
Le groupe veut désormais s'organiser "autour de cinq types d'activité": beauté et bien-être, hygiène personnelle, entretien de la maison, nutrition et glaces, a précisé le groupe.
Chaque entité "sera entièrement responsable de sa stratégie, de sa croissance" et de ses bénéfices à l'échelle mondiale, note le communiqué d'Unilever, dont la vaste gamme de produits inclut les glaces Magnum, les nettoyants Cif et le savon Dove.
Cette refonte se traduira par "une réduction des postes d'encadrement (...) qui équivaut à environ 1.500 postes dans le monde", et ne devrait pas avoir d'impact sur les effectifs dans les usines du groupe, a précisé Unilever, annonçant aussi une série de nominations à la tête des nouvelles entités.
Après avoir vu son action fondre de 10% en deux jours à la Bourse de Londres en début de semaine dernière alors que son titre était déjà en forte baisse sur un an, Unilever avait renoncé mercredi à surenchérir sur son offre à 50 milliards de livres sur GSK Consumer Healthcare, jugée sous-évaluée par le laboratoire britannique.
Mais l'annonce de mardi ne semblait pas convaincre le marché: l'action d'Unilever à la Bourse de Londres, après avoir amorcé une petite hausse, était repartie à la baisse et perdait 0,70% à 3.916 pence vers 11H00 GMT.
Les investisseurs "demandent davantage de clarté sur la direction suivie et Alan Jope est toujours sous pression pour proposer une nouvelle stratégie", a commenté Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
"L'équipe de direction veut clairement montrer qu'elle met de l'ordre avant de se lancer dans une nouvelle frénésie d'achats, vu à quel point l'offre (sur l'entité de GSK) a été mal perçue", a-t-elle poursuivi.
- Performance "misérable" -
Le dirigeant de la société d'investissement Fundsmith, Terry Smith, influent actionnaire d'Unilever, avait notamment qualifié en fin de semaine le projet avorté d'acquisition d'expérience "quasi mortelle" et jugé "misérable" la performance du groupe.
Depuis, des informations de presse ont rapporté la montée au capital d'Unilever du fonds activiste Trian Partners, du milliardaire et financier américain Nelson Peltz.
"La surveillance (des actionnaires) s'intensifie et il ne manquera pas de bras pour aller vérifier si le ménage a été fait dans les recoins les moins performants de l'entreprise", selon Susannah Streeter.
D'autant que Nelson Peltz "est connu pour sa mise en oeuvre de stratégies de redressement agressives chez Procter & Gamble et Mondelez", a abondé Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor, estimant "que le futur de son PDG Alan Jope est en jeu".
M. Jope a assuré mardi que "la croissance reste notre priorité absolue" et que sa nouvelle organisation était déjà dans les tuyaux avant l'opération de rachat ratée.
Le nouveau modèle "a été développé au cours de l'année passée et vise à poursuivre l'accélération que nous constatons dans la performance de notre entreprise", a-t-il affirmé.
Unilever avait expliqué la semaine dernière vouloir faire avancer "le repositionnement de son portefeuille (de produits) vers des catégories à forte croissance", précisant que "des acquisitions majeures devraient s'accompagner de l'accélération de la cession de marques et activités à croissance plus faible".
En novembre, le groupe avait ainsi annoncé un accord à 4,5 milliards d'euros avec le fonds CVC Capital Partners pour lui vendre sa division de thés, qui comprend 34 marques dont Lipton, Tazo et Pukka.
Unilever avait enregistré un chiffre d'affaires en progression de 4% au troisième trimestre 2021, dopé par des hausses de prix pour compenser une inflation en forte accélération.
(B.Hartmann--BBZ)