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Le constructeur automobile français Renault a annoncé mercredi soir suspendre immédiatement les "activités de l'usine Renault de Moscou" et évaluer "les options possibles concernant sa participation" dans sa filiale russe AvtoVAZ, alors que la pression monte sur sa présence, importante, en Russie.
Le conseil d'administration de Renault Group s’est réuni mercredi et a décidé que "les activités de l’usine Renault de Moscou sont suspendues à partir de ce jour", précise le groupe.
Cette usine produit des SUV Duster, Kaptur, Arkana et Nissan Terrano.
Mais la majorité de la présence du groupe en Russie passe par sa filiale AvtoVAZ, qui l'a aidé à vendre près de 500.000 véhicules en Russie en 2021, faisant du pays son deuxième marché derrière l'Europe.
Or le groupe, interpellé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky parmi quelques autres entreprises françaises lors d'un discours au Parlement français plus tôt dans la journée, et visé dans la soirée par un appel au boycott mondial lancé par le chef de la diplomatie ukrainienne, n'a pas annoncé de sortie de Russie, tout en commençant à ouvrir la porte à un tel scénario.
"Le Groupe évalue les options possibles concernant sa participation dans AvtoVAZ", détenue à 69% par Renault depuis fin 2016 et leader du marché russe avec sa marque Lada, a-t-il ajouté, disant vouloir agir "de manière responsable envers ses 45.000 salariés en Russie".
On ignore l'heure à laquelle le conseil d'administration de Renault s'est réuni mercredi, mais l'annonce intervient peu après l'appel au "boycott" de la marque au losange lancé par le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba devant "son refus de quitter la Russie" à la suite de l'invasion de l'Ukraine par les forces de Moscou.
Dans un tweet, M. Kouleba a accusé Renault de "soutenir une guerre brutale d'agression". Il appelle en conséquence "les clients et les entreprises à travers le monde à boycotter le groupe Renault".
Volodymyr Zelensky avait par ailleurs exhorté dans sa vidéo devant le Parlement français les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir "la machine de guerre" russe.
Dans son communiqué, Renault "rappelle qu’il met déjà en œuvre les mesures nécessaires pour respecter les sanctions internationales".
Quoiqu'il décide pour sa présence à long terme en Russie, le groupe prévoit déjà que cela lui coûtera.
"En conséquence, Renault Group est contraint de revoir ses perspectives financières pour l’année 2022", a-t-il averti, prévoyant une baisse de la marge opérationnelle "de l’ordre 3%", contre plus de 4% prévu précédemment.
Il prévoit aussi désormais un flux de trésorerie disponible seulement "positif" pour son activité "automobile", alors qu'il tablait sur "plus d'un milliard d'euros précédemment".
En anticipation, Renault prévoit d'enregistrer une charge d'ajustement de 2,195 milliards d'euros dans ses comptes du premier semestre, soit la valeur de ses actifs en Russie.
(A.Lehmann--BBZ)