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L'un fait à peine campagne, l'autre a contracté le Covid et doit la faire "à distance": la journée de jeudi confirme, si besoin était, le caractère atypique de la campagne présidentielle, à un peu plus de deux semaines du scrutin.
Le président-candidat Emmanuel Macron était tout entier consacré au conflit russo-ukrainien, participant à Bruxelles jeudi et vendredi à une intense séquence diplomatique de trois sommets successifs de l'Otan, du G7 et de l'UE.
A tel point que certains dans son camp s'interrogent sur les conséquences de son absence sur le terrain dans la campagne.
Balayant les accusations disant qu'il veuille enjamber le rendez-vous de la présidentielle, la majorité n'a de cesse de répéter qu'il sera président jusqu'au dernier quart d'heure et explique sa présence réduite dans la campagne par un contexte international hors norme.
Pas de déplacements, pas de bains de foule, pas de débat télévisé, des interventions médiatiques passant largement sous les radars : cela ressemble à du service minimum pour le président-candidat, largement en tête dans les sondages, à quelque 30% des intentions de vote au premier tour, même si une légère érosion, logique selon ses soutiens, est constatée suite à sa conférence de presse de présentation de son programme mi-mars.
Après avoir attendu la date limite pour se déclarer, le chef de l'Etat a seulement rencontré des Français lors de deux "débats" très cadrés à Poissy (Yvelines) et à Pau.
- Castex en VRP -
Un seul grand meeting est prévu, le 2 avril à La Défense (Hauts-de-Seine). Les autres réunions publiques se font sans lui, comme mercredi soir à Nice où se sont rassemblés des poids lourds de la macronie, tandis que les ministres sillonnent le terrain.
Jeudi matin, le Premier ministre Jean Castex a arpenté les rues de Saint-Saint-Denis pendant trois heures, tracts à la main, pour défendre son candidat.
Cette ligne est-elle tenable jusqu'au premier tour du 10 avril ?
Interrogé par la presse, Jean Castex a joué l'humilité, réaffirmant qu'"une élection n'est jamais gagnée" et que "dans le monde troublé qui est le nôtre l'excès de confiance en rien ne se justifie".
"Le premier message à faire passer, c'est voter d'abord", a-t-il ajouté, alors que le manque de rythme de la campagne fait craindre aux sondeurs une abstention record.
"Il y a peu d'intérêt pour la campagne, qui manque de magie (...). Il faut qu'Emmanuel Macron fasse un grand discours. Et montre que LREM n'est pas un vaisseau fantôme", confie même un responsable de la majorité.
"La vérité, c'est qu'Emmanuel Macron est totalement absorbé par la crise internationale. C'est très compliqué d'exister, de faire campagne", estime un autre proche du chef de l'Etat.
- Pécresse positive -
Déjà à la peine dans les sondages, la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse a pour sa part annoncé jeudi qu'elle avait contracté le Covid-19, l'obligeant à poursuivre sa campagne "à distance".
Valérie Pécresse devait se rendre à Bordeaux vendredi mais "le meeting sera animé par quelqu'un d'autre", a-t-on indiqué dans son entourage, sans donner plus de précisions.
Son déplacement de samedi dans les Bouches-du-Rhône "est annulé", a-t-on ajouté.
La candidate LR avait présenté jeudi matin un projet de réforme de la Constitution pour "rétablir l'ordre". Elle devait participer en duplex jeudi soir à l'émission "Elysée 2022" sur France 2.
A seulement 17 jours du premier tour, des dynamiques semblent se confirmer et des positions se cristalliser désormais.
La candidate du RN Marine Le Pen est bien installée à la deuxième place des intentions de vote, un sondage OpinionWay-Kéa Partners publié jeudi la créditant de 20%, confirmant une dynamique ascendante.
Le candidat de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui sollicite la "responsabilité morale" des électeurs pour se hisser au second tour avant un gros meeting dimanche à Marseille, est aussi sur une pente favorable: certaines études d'opinion le placent à la troisième place, autour de 14%.
Pour le candidat d'extrême droite Eric Zemmour (Reconquête!), en revanche, l'érosion se poursuit: il passe sous la barre de 10% des intentions de vote à 9%, selon le sondage OpinionWay.
Le conflit en Ukraine a par ailleurs poussé les candidats à se positionner, remettant sur le devant de la scène les positions prorusses de Marine Le Pen, Eric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon.
L'écologiste Yannick Jadot, aux alentours de 5-6%, a de nouveau critiqué TotalEnergies jeudi, estimant que le pétrolier voulait le "faire taire en pleine campagne présidentielle" en le poursuivant en diffamation après ses accusations de "complicité de crimes de guerre" en Ukraine.
(L.Kaufmann--BBZ)