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L'ancien Premier ministre du Togo Gilbert Houngbo a été élu vendredi à la tête de l'Organisation internationale du travail, devenant le premier Africain à diriger la plus ancienne agence spécialisée des Nations unies.
M. Houngbo, 61 ans, a été élu au second tour par le Conseil d'administration de l'OIT, composé de 56 représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs.
"Vous avez écrit l'histoire", a-t-il assuré. Sa candidature était soutenue par l'Union africaine et les représentants des travailleurs.
Le résultat du vote "est porteur d'un symbolisme fort" et "votre choix (...) répond aux aspirations d'un jeune Africain, d'un jeune Africain dont l'humble éducation s'est transformée en une quête de justice sociale qui a duré toute une vie", a souligné le nouveau Secrétaire général.
Natif d'une préfecture rurale du Togo, il a passé la majorité de sa carrière dans les organisations internationales, où il est vu comme un haut fonctionnaire chevronné.
Il prendra ses fonctions début octobre, succédant à l'ancien syndicaliste britannique Guy Ryder, en poste depuis dix ans et qui a atteint la limite des deux mandats.
Depuis 2017, M. Houngbo dirige le Fonds international de développement agricole (FIDA). Il a aussi travaillé pour Price Waterhouse au Canada et a été directeur adjoint (2013-2017) de l'OIT en charge des Opérations sur le terrain.
Cinq candidats étaient en lice. Sa principale opposante était Muriel Pénicaud, ex-ministre française du Travail de mai 2017 à juillet 2020, période durant laquelle elle a lancé les grandes réformes sociales du quinquennat d'Emmanuel Macron, comme celles du code du travail ou de l'assurance chômage, vivement critiquées par les syndicats.
"La France félicite Gilbert Houngbo pour son élection à la tête de l'Organisation internationale du travail et lui présente ses vœux et encouragements pour un mandat au service des ambitions universelles de l'OIT en faveur de la justice sociale et du progrès humain", a tweeté la Mission permanente de la France auprès de l'ONU à Genève.
- "Pas seulement pour l'Afrique" -
Le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle française a, lui souligné sur Twitter le "score ridicule de Muriel Pénicaud" au premier tour, tandis que la CGT, deuxième syndicat français, a salué l'élection de M. Houngbo qui "porte une vision largement compatible avec les objectifs que nous fixons à une institution comme l'OIT".
M. Houngbo a remporté l'élection avec 30 voix, suivi de Mme Pénicaud (23 voix). Étaient également candidats l'ex-ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud Kang Kyung-wha (2 voix), l'entrepreneur sud-africain Mthunzi Mdwaba (1 voix) et l'Australien Greg Vines, directeur général adjoint de l'OIT pour la gestion et la réforme, éliminé au premier tour.
Son élection marque un tournant dans l'histoire de l'OIT, car cette organisation née au lendemain de la Grande Guerre en 1919 a toujours été dirigée - à l'exception d'un Chilien - par des Européens et des Nord-Américains.
Avec sa victoire, l'OIT deviendra - après l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation mondiale du commerce - la troisième grande organisation à Genève à être dirigée par un Africain.
"Mais je me sens plutôt un DG élu pour le monde, pas seulement pour l'Afrique, et ma vision est internationale", a-t-il relevé auprès de l'AFP.
"Merveilleuse nouvelle! Félicitations à mon cher frère Gilbert Houngbo", a salué la cheffe de l'OMC Ngozi Okonjo-Iweala, première femme et première Africaine à diriger l'organisation depuis un an.
Le prochain patron de l'OIT aura pour lourde tâche de faire adapter les normes de cette organisation centenaire à un marché du travail en pleine mutation sous l'effet des nouvelles technologies. D'autant que la pandémie de Covid-19 a donné un coup d'accélérateur aux technologies de télétravail.
"On traverse une période cruciale, l'agenda social va prendre de plus en plus d'ampleur dans tous les pays", a-t-il dit à l'AFP, assurant de l'importance de répondre aux conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19 et de la nécessité que "chaque ménage dispose d'un minimum de protection sociale".
(A.Lehmann--BBZ)