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Des salariés d'EDF sont en grève ce mercredi contre la demande de l'Etat de vendre davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents afin de contenir la facture d'électricité des ménages et des entreprises, une décision dont ils craignent les conséquences pour la santé du groupe.
Face à la flambée des prix de l'énergie, le gouvernement a dégainé un arsenal de mesures pour contenir les factures et honorer sa promesse de limiter à 4% l'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité en 2022, dans un contexte sensible à quelques semaines de l'élection présidentielle.
Chez l'énergéticien, la dernière mesure annoncée a suscité une levée de boucliers: le gouvernement a demandé à EDF d'augmenter de 20 terawattheures (TWh) le volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents, pour le faire passer de 100 à 120 TWh à titre exceptionnel.
Cette mesure aura "un coût pour EDF compris entre 7,7 milliards et 8,4 milliards d'euros en fonction des prix de marché", selon le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
Après cette annonce, les quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont lancé un appel à la grève des salariés d'EDF mercredi. Le groupe est déjà aux prises avec de nouveaux retards pour l'EPR de Flamanville (Manche) et avec l'extension à de nouveaux réacteurs d'un problème de corrosion sur des systèmes de sécurité.
"C'est une décision totalement aberrante, prise sans en mesurer les conséquences à long terme. Elle va considérablement fragiliser EDF, sans rien résoudre à la problématique dans la durée", a dit mercredi Eric Kozlowski, délégué syndical CFE-CGC à la centrale nucléaire de Golfech.
Cette centrale, qui emploie quelque 800 personnes dans le Tarn-et-Garonne, est un des points de rassemblement en ce jour de contestation.
Pour lui, d'autres solutions existent, comme une TVA ramenée à 5,5% sur le prix de l'électricité, "mais visiblement, aucune autre piste n'a été étudiée par le gouvernement". Or EDF a besoin d'investir "pour faire face aux enjeux de lutte contre le réchauffement climatique".
"Au bout du bout, ceux qui vont payer, ce sera toujours les citoyens, au travers de leur facture. Au travers de leurs impôts aussi, parce que, s'il y a une recapitalisation et autres, tous ces milliards qui sont dilapidés, c'est bien quelque part le citoyen lambda qui le paie aussi", a estimé auprès de l'AFP Fabrice Coudour, pour la CGT.
- "Préserver notre entreprise" -
"Quand EDF a connu des difficultés, l'Etat (actionnaire à près de 84% d'EDF, ndlr) a toujours été présent. Et l'Etat sera toujours présent", a déclaré le patron des députés LREM Christophe Castaner, mercredi sur France 2.
Il a indiqué ne pas comprendre cette grève, "parce que quand vous avez la fierté d'être dans une entreprise publique comme EDF, vous assumez aussi de contribuer à la solidarité nationale".
Sans intervention pour obliger EDF à fournir de l'électricité à des prix plus bas, le gouvernement affirme que 150 entreprises françaises très consommatrices d'électricité auraient pu fermer.
Les tarifs réglementés auraient bondi de 45% le 1er février, selon le régulateur, qui calcule des hausses annuelles en fonction des prix du marché.
Fait rare, cette mesure gouvernementale a ému jusqu'aux plus hautes sphères de l'entreprise: dans un message interne aux cadres d'EDF, le PDG Jean-Bernard Lévy a vivement critiqué la décision du gouvernement, un "véritable choc", qu'il a "combattue".
Des rassemblements avaient lieu dans la journée de mercredi, notamment devant certaines centrales nucléaires du groupe, comme à Golfech (Tarn-et-Garonne), donc, et Gravelines (Nord).
Des baisses de production d'électricité sont possibles, de l'avis de l'ensemble des sources syndicales interrogées par l'AFP, mais elles ne devraient pas aller jusqu'à des coupures de courant.
"On n'est pas dans une logique de casser notre outil de travail, puisque notre revendication, c'est bien de préserver notre entreprise", a souligné Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa Energies pour EDF.
(K.Lüdke--BBZ)