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La Banque centrale américaine (Fed) a maintenu mercredi les taux d'intérêt au plus bas mais elle s'attend à les relever dès mars en raison des améliorations sur le front de l'emploi et d'une inflation élevée.
"Avec l'inflation bien supérieure à 2% et un marché du travail vigoureux, le Comité (de politique monétaire, ndlr) s'attend à ce qu'il soit bientôt approprié de relever la fourchette cible du taux", a expliqué la Réserve fédérale (Fed) dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion.
Les responsables de l'institution ont précisé qu'elle mettrait fin à ses achats d'actifs "début mars", condition sine qua non pour relever les taux. Une hausse pourrait donc intervenir lors de sa réunion prévue mi-mars.
Les taux directeurs avaient été abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars 2020 quand la pandémie de Covid-19 s'est propagée aux Etats-Unis plongeant l'économie dans le marasme. L'objectif était de soutenir la consommation.
Mais désormais, la priorité est de ralentir l'inflation. En remontant les taux, la Fed va modérer la demande.
- Gains d'emplois "solides" -
"Les indicateurs de l'activité économique et de l'emploi ont continué de se renforcer", commente la Fed dans son communiqué.
Elle ajoute que les secteurs les plus touchés par la pandémie, dont les services, "se sont améliorés ces derniers mois" même s'ils sont affectés par la récente forte augmentation des cas d'infection par le variant Omicron.
"Les gains d'emplois ont été solides ces derniers mois et le taux de chômage a considérablement diminué", note en outre l'institution dont l'un des deux mandats est de favoriser le plein emploi.
Mais "les déséquilibres de l'offre et de la demande liés à la pandémie et à la réouverture du l'économie ont continué de contribuer à des niveaux élevés d'inflation", dit-elle.
Elle signale toutefois une réduction des contraintes d'approvisionnement, ce qui devrait contribuer à ralentir l'inflation.
Cette annonce était très attendue, et la perspective d'une hausse prochaine des taux avait fait dévisser les marchés européens lundi, et Wall Street a plongé au plus bas depuis des mois.
La publication du communiqué de la Fed a dans un premier temps fait bondir le Nasdaq de plus de 3% avant de tempérer sa réaction.
La Fed avait damé le terrain lors de sa précédente réunion, mi-décembre, en annonçant qu'elle mettrait fin plus tôt que prévu à ses achats d'actifs, dès mars au lieu de juin.
Elle avait aussi, pour la première fois, cessé de qualifier de "temporaire" cette inflation qui est, depuis des mois, bien supérieure à son objectif à long terme de 2%.
Les prix ont en effet grimpé de 7% en 2021, leur rythme le plus rapide depuis 1982, selon l'indice CPI. La Fed privilégie un autre indicateur de l'inflation, l'indice PCE, dont les données pour 2021 seront publiées vendredi.
- Dette des pays en développement -
La Fed s'était jusqu'à présent montrée prudente sur les hausses, craignant que cela ne ralentisse trop brutalement la reprise économique et, par ricochet, le marché de l'emploi.
Mais le pays a désormais presque renoué avec le plein emploi, le taux de chômage ayant chuté en décembre à 3,9%, proche de son niveau d'avant la crise (3,5%), avec une pénurie de main-d'œuvre qui place les salariés en position de force par rapport aux employeurs.
Pour autant, relever les taux n'est pas sans risque puisque cela pourrait ralentir la croissance et la reprise du marché de l'emploi.
En outre, en dehors des Etats-Unis, une hausse des taux trop rapide pourrait pénaliser les pays émergents et en développement, dont la dette est libellée en dollars, avertit depuis des mois le Fonds monétaire international.
Sa cheffe économiste, Gita Gopinath, avait également dit douter que l'inflation redescende à 2% d'ici fin 2022, comme l'anticipe notamment la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.
(F.Schuster--BBZ)