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Emmanuel Macron interpellé sur les retraites dans le Nord, Marine Le Pen dans l'Yonne pour parler pouvoir d'achat: le président candidat et sa rivale d'extrême droite ont engagé lundi la bataille sur le terrain avant le duel incertain du second tour de la présidentielle.
Arrivé en tête dimanche avec 27,85% des voix, plus de quatre points devant la candidate RN (23,15%), Emmanuel Macron est retourné rapidement en région pour un premier déplacement marathon, en terres lepénistes à Denain (Nord).
Bains de foule, interviews à la chaîne, notamment sur la banquette d'un bistrot, rencontre avec des ouvriers: après une campagne de premier tour jugée trop légère, le président-candidat à mis le turbo.
A Denain, lors d'un long bain de foule sous un soleil printanier, il a très vite été interpellé sur une de ses mesures phares, le report à 65 ans de l'âge de départ à la retraite.
"J'ai voté pour vous mais je le regrette, vous n'aimez pas beaucoup les retraités", lui a lancé une femme.
Réponse du candidat: "Il faut que nos anciens aient une retraite plus décente, la retraite minimum est à 900 euros, on va la monter à 1.100. Si on veut ça pour nos anciens, il faut travailler un peu plus longtemps, ceux qui ont des carrières longues ou pénibles ou les handicapés, on leur permettra de partir un peu plus tôt".
- "Convaincre et écouter" -
Il dessine aussi sa démarche de l'entre-deux-tours: "Je suis là pour convaincre, écouter aussi (...), j'essaie de clarifier mon programme en montrant qu'il est juste et social. J'ai vu beaucoup de jeunes qui m'ont dit +j'ai voté M. Mélenchon+, j'essaie de les convaincre".
Avec 21,95% des voix, le leader insoumis a fait, de très loin, le meilleur score de gauche avec un électorat jeune et populaire, très courtisé par les deux qualifiés du second tour.
Pour sa rivale RN, qui a réalisé le score le plus élevé de l'extrême droite au premier tour d'une présidentielle, pas question de laisser le champ libre à son adversaire. Elle a effectué un déplacement surprise dans l'Yonne lundi, pointant la montée de l'inflation.
Après une rencontre avec un agriculteur céréalier, elle a appelé à prendre "des mesures d'urgences" contre l'inflation qui va s'aggraver. Elle a rappelé sa proposition de baisser la TVA de 20 à 5,5% sur les produits de l'énergie.
La candidate RN, qui a lissé son image tout en gardant un programme radical sur l'immigration, a fait de la défense du pouvoir d'achat l'axe prioritaire de sa campagne.
Dans la matinée, elle a participé à une réunion de la direction de son parti, lors de laquelle elle a assuré "aborder ce second tour avec une expérience. Celle d'il y a cinq ans va être très utile".
- "Sucré, salé" -
Pour le directeur d'Ipsos, Brice Teinturier, "Emmanuel Macron part avec un petit avantage. Mais on est loin de ce que nous avions en 2017. Et là, très clairement, c'est Jean-Luc Mélenchon, ou plutôt son électorat, qui détient en grande partie la clé de ce second tour".
Dès dimanche soir, Emmanuel Macron a voulu "tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France".
Un responsable de la majorité assure qu'il doit "parler au peuple maintenant", craignant l'impact d'une fracture avec les milieux populaires au second tour. "Dans les mesures, les gens ont retenu le salé, comme la retraite à 65 ans, pas le sucré", dit-il.
Le premier tour a, par ailleurs, consacré la relégation des deux partis de gouvernement de la Ve République, LR et PS, qui réalisent le pire score de leur histoire, Valérie Pécresse ayant récolté 4,78% des voix et Anne Hidalgo 1,75%.
Pour Les Républicains, la situation financière est "critique", selon leur candidate Valérie Pécresse. Le parti ne sera pas remboursé de "7 millions d'euros" de frais et ne peut pas "faire face à ces dépenses", a-t-elle ajouté depuis le siège du mouvement.
Mme Pécresse a aussi déclaré être "endettée personnellement à hauteur de 5 millions d'euros". C'est pourquoi "j'ai besoin de votre aide, d'urgence, d'ici le 15 mai" car "il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine", a-t-elle lancé devant la presse.
Les dirigeants du parti sont parvenus à se mettre d'accord sur une position commune en vue du second tour: "Aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen" dont "le projet politique et économique nous conduirait au chaos", a rapporté le président de LR Christian Jacob.
(S.G.Stein--BBZ)