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Homme le plus riche de la planète, Elon Musk a lancé une offensive pour racheter Twitter dans son intégralité. Mais le multimilliardaire est-il en mesure de mener à bien une telle transaction?
Le patron de Tesla a proposé un paiement en numéraire au prix de 54,20 dollars par action, ce qui valoriserait le réseau social à un peu plus de 43 milliards de dollars.
Selon les calculs de l'agence de notation Moody's, ses dépenses devraient plutôt avoisiner les 36 milliards de dollars.
- Vendre ou emprunter -
Tout en reconnaissant ne pas être certain de parvenir à ses fins, M. Musk a assuré jeudi avoir les "fonds suffisants" pour s'offrir le réseau à l'oiseau bleu sans donner plus de détails.
Sa fortune personnelle est estimée à près de 265 milliards de dollars par le magazine Forbes. Mais une grande partie de cette richesse est issue des actions qu'il possède au sein de Tesla et de SpaceX, deux entreprises qu'il dirige.
Une option pour M. Musk reviendrait donc à vendre une partie de ses 173 millions d'actions Tesla. Il s'est d'ailleurs engagé dès fin 2021 à se délester de 10% de ses parts dans l'entreprise après avoir sondé ses abonnés sur Twitter.
De début novembre à fin décembre, l'entrepreneur a ainsi écoulé près de 16 millions d'actions du fabricant de véhicules électriques tout en exerçant sur cette même période son droit de rachat sur près de 23 millions de stock-options.
La vente directe d'un grand nombre d'actions impliquerait néanmoins une lourde imposition sur les plus-values. Elle risquerait par ailleurs de faire chuter le cours en Bourse de Tesla.
Une autre possibilité pour M. Musk consisterait à se servir de ses actions Tesla comme d'une garantie financière pour contracter un prêt bancaire.
Au 30 juin 2021, le dirigeant utilisait déjà plus de 88 millions de ses titres Tesla comme garantie collatérale pour des emprunts personnels.
Troisième scénario pour le patron d'origine sud-africaine: s'allier avec des fonds d'investissement privés pour bénéficier de financements extérieurs.
"La façon détaillée dont M. Musk compte financer la transaction déterminera les conséquences que cela aura pour Twitter", a avancé Neil Begley de Moody's dans une note publiée jeudi.
- "Pilule empoisonnée" -
Au-delà de l'aspect strictement financier, se pose la question de la marge de manœuvre du conseil d'administration de Twitter face à M. Musk.
Dans un communiqué diffusé jeudi, l'entreprise a accusé réception de l'offre "non sollicitée et non contraignante" et promis de l'"examiner avec attention".
Pour se protéger d'une offre hostile, le conseil d'administration de Twitter a la possibilité de mettre en place une "pilule empoisonnée", à savoir un arsenal de mesures visant à empêcher la prise de pouvoir du patron de Tesla.
Toutefois, note Kevin Kaiser, professeur-adjoint de finance à la Wharton School de l'université de Pennsylvanie, s'il rejette la proposition, le CA pourrait s'exposer au retour de bâton des actionnaires qui pourraient le poursuivre en justice "pour avoir manqué à son devoir fiduciaire d'agir dans les meilleurs intérêts de la société".
Le CA devrait alors prouver que la valeur réelle de Twitter est supérieure à celle avancée par M. Musk.
Le patron de Tesla pourrait également chercher à contourner l'organe dirigeant de Twitter et s'en remettre directement aux actionnaires, auquel cas "il pourrait parvenir à ses fins sans avoir besoin du soutien ou de l'approbation du CA" en lançant une offre publique d'achat (OPA) hostile, souligne M. Kaiser.
M. Musk a laissé entendre qu'il explorait cette voie en lançant jeudi un sondage auprès de près de 82 millions d'abonnés Twitter avec l'intitulé suivant: "Retirer Twitter de la Bourse au prix de 54,20 dollars devrait être décidé par les actionnaires, pas par le CA"
Plus de 80% des quelques 2,5 millions de votants se sont prononcés en faveur.
(K.Müller--BBZ)