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L'Institut national de la statistique et des études économiques publie mardi une première estimation de la croissance au premier trimestre en France, un chiffre qui contribuera à juger de la crédibilité de l'ambitieuse prévision gouvernementale.
Dans sa dernière note de conjoncture publiée mi-mars, l'Insee a révisé à la baisse ses prévisions, estimant désormais que le produit intérieur brut (PIB) devrait stagner pour la période allant de janvier à mars, celle qui pèse le plus dans le calcul de la croissance annuelle.
Plus optimiste, la Banque de France table sur une progression de 0,2%.
Or, chaque dixième de point de pourcentage va compter pour atteindre la cible de 1% de hausse annuelle du PIB fixée par le gouvernement, une prévision supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture.
Alors que l'exécutif a placé la croissance et la maîtrise des dépenses au coeur de sa stratégie de redressement de finances publiques mal en point, un chiffre nul ou faible au premier trimestre compliquerait considérablement l'équation.
"Quand on débute plus bas, après il faut pédaler assez vite pour rattraper", commente pour l'AFP Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas.
Les données macroéconomiques du début d'année n'incitent guère à l'optimisme, notamment une consommation des ménages peu dynamique.
L'Insee doit aussi dévoiler mardi comment cette dernière a évolué en mars, ainsi que les chiffres de l'inflation pour avril qui joue sur l'appétit des ménages en biens de consommation.
Avec ce premier trimestre en demi-teinte, "on pense que (la prévision du gouvernement) n'est pas du tout réaliste", affirme l'économiste de l'OFCE Magali Dauvin, qui table plutôt sur 0,5% de croissance annuelle.
- Coupes budgétaires -
Le contexte est délicat pour le gouvernement, avec un dérapage du déficit en 2023, à 5,5% du PIB contre 4,9% attendus, en raison principalement de mauvaises recettes.
L'exécutif a toutefois maintenu son ambition de le ramener sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens. "D'autres pays en Europe l'ont fait, je ne vois pas pourquoi la France ne serait pas capable de le faire", a lancé le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, lundi devant les députés.
Si elles maintiennent pour l'instant leurs notes élevées sur la capacité de la France à rembourser sa dette, les agences de notation Moody's et Fitch, n'y croient pas.
Pas plus que le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, qui a estimé lundi sur franceinfo que la trajectoire de réduction de déficit "telle qu'elle était présentée (...) manquait de crédibilité et de cohérence".
L'exécutif a déjà acté 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'Etat et cherche 10 milliards de coupes supplémentaires à réaliser en 2024, pour atteindre son nouvel objectif de déficit public (5,1% du PIB, contre 4,4% espérés initialement).
Or, les 10 premiers milliards d'économies devraient déjà amputer la croissance annuelle de 0,2 point, a averti début avril l'OFCE.
"Si on veut se rapprocher de loin du chiffre du gouvernement (1% de croissance en 2024, ndlr), il faudrait vraiment un sursaut de la demande intérieure, qui passerait par la consommation des ménages", affirme Magali Dauvin.
La poursuite du recul de l'inflation serait de nature à relancer la machine, comme la baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait intervenir début juin et profiter aux investissements.
(T.Burkhard--BBZ)