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L'activité économique a progressé de 0,2% au premier trimestre en France, mieux que la stagnation anticipée par l'Insee, le gouvernement y voyant un signe de la "solidité" de l'économie du pays.
Cette croissance modérée entre janvier et mars marque une légère accélération après la hausse de 0,1% enregistrée au dernier trimestre 2023.
Selon le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, elle vient déjouer les pronostics des cassandres.
"A tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt: les faits sont têtus. La croissance française progresse. C'est un nouveau signe qui traduit la solidité de notre économie", a-t-il réagi après la publication par l'Insee de cette première estimation de l'évolution du PIB.
"La stratégie du gouvernement est payante", a-t-il ajouté.
Sur les trois premiers mois de l'année, l'activité économique a bénéficié d'une accélération de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance, qui a augmenté de 0,4% après 0,2% au trimestre précédent sur fond de poursuite du repli de l'inflation.
"C'est clairement le moteur de la reprise", a commenté Maxime Darmet, économiste pour Allianz Trade, interrogé par l'AFP. Outre la bonne tenue de la demande en services comme les transports ou l'hébergement-restauration, "il y a notamment une reprise des dépenses dans l'alimentaire, un poste qui se portait très mal depuis 18 mois", a-t-il ajouté.
Ce rattrapage de la consommation devrait se poursuivre au deuxième trimestre, a-t-il estimé.
En mars, l'indice des prix à la consommation a certes progressé de 2,3% sur un an, mais nettement moins qu'en février (3%), grâce à un ralentissement des prix de l'alimentation, de l'énergie et des produits manufacturés.
Le PIB a également été soutenu au premier trimestre par un rebond des investissements (+0,3% après -0,9%), un chiffre qui masque toutefois des réalités contrastées: si les investissements des entreprises ont continué de progresser (+0,5% après +0,8%), ceux des ménages restent en territoire négatif (-1,5% après -2,1%).
Selon Maxime Darmet, "les établissements de crédit un peu lâché la pression et distribué un peu plus de crédits", qui reste toutefois "cher".
La contribution du commerce extérieur a été nulle.
- Prévision "pas hors d'atteinte" -
Chaque dixième de point de pourcentage va compter pour atteindre la cible de 1% de hausse annuelle du PIB fixée par le gouvernement, une prévision supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture.
Le contexte est délicat pour l'exécutif, avec un dérapage du déficit public en 2023, à 5,5% du PIB contre 4,9% attendus, en raison principalement de recettes plus faibles que prévu.
Il a toutefois maintenu son ambition de le ramener sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens, misant sur la croissance et la maîtrise des dépenses pour redresser les finances publiques, en excluant toute hausse d'impôts.
"D'autres pays en Europe l'ont fait, je ne vois pas pourquoi la France ne serait pas capable de le faire", avait lancé M. Le Maire lundi devant les députés.
Si elles maintiennent pour l'instant leurs notes élevées sur la capacité de la France à rembourser sa dette, les agences de notation Moody's et Fitch, n'y croient pas.
Pas plus que le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, qui a répété lundi sur franceinfo que la trajectoire de réduction de déficit "manquait de crédibilité et de cohérence".
L'exécutif a déjà acté 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'Etat et cherche 10 milliards de coupes supplémentaires à réaliser en 2024, pour atteindre son nouvel objectif de déficit public (5,1% du PIB, contre 4,4% espérés initialement).
Or, les 10 premiers milliards d'économies devraient déjà amputer la croissance annuelle de 0,2 point, a averti début avril l'OFCE.
La poursuite du recul de l'inflation serait de nature à relancer la machine, comme la baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait intervenir début juin et profiter aux investissements.
La prévision de croissance annuelle de 1% du gouvernement "est légèrement optimiste, mais pas hors d'atteinte", a estimé Maxime Darmet.
(Y.Berger--BBZ)