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Pour répondre à plusieurs crises, le gouvernement annonce jeudi un plan voulu "ambitieux" autour de la santé de l'enfant, qui entend renforcer la prévention, le nombre de professionnels soignants ou encore améliorer la prise en charge néonatale.
A la veille des "assises de la pédiatrie", plusieurs fois reportées en 2023, le gouvernement a décliné sa feuille de route, composée de 16 mesures et 80 actions "concrètes".
Selon les cabinets des ministres délégués à la Santé, Frédéric Valletoux, et chargée de l'Enfance, Sarah El Haïry, qui portent ce plan, "c'est le fruit d'un long travail de la part d'un comité nommé en novembre 2022 suite à la triple épidémie (de Covid, grippe et bronchiolite) qui avait mis sous tension les systèmes de pédiatrie".
Autre constat ayant présidé aux assises, qui ont été précédées de 121 auditions et environ 2.000 contributions écrites: la dégradation de plusieurs indicateurs ces dernières années autour de la mortalité infantile ou de la santé mentale des jeunes.
"Face à ces défis, nous avons souhaité repenser profondément notre approche de la santé des enfants", a expliqué Frédéric Valletoux dans une déclaration transmise à l'AFP, estimant que ce plan est "un véritable tournant dans notre approche de la santé des plus jeunes".
- Nouvel examen -
L'enveloppe consacrée à sa déclinaison concrète est estimée à 300 millions d'euros par an d'ici 2030, et sera composée de crédits nouveaux ou existants.
Le gouvernement entend avant tout mettre l'accent sur la prévention, avec la volonté de systématiser la réalisation des 20 examens obligatoires de l'enfant. Il souhaite créer un nouvel examen obligatoire à 6 ans pour détecter d'éventuels troubles du neuro-développement, du langage ou optiques.
"La refonte en cours du carnet de santé de l'enfant permettra d'avoir un meilleur suivi de ces examens", souligne l'entourage des ministres.
Examens dont certains doivent être revalorisés dans le cadre de la négociation actuelle entre les médecins et l'Assurance maladie.
Axe clé de la prévention, la vaccination contre la bronchiolite avec le Beyfortus de Sanofi, réservée cette année aux maternités, sera étendue l'an prochain aux praticiens en ville.
Le plan prévoit aussi de faciliter l'accès aux orthophonistes, sans passage au préalable par un médecin traitant. Face aux besoins croissants, il promet une augmentation du nombre de places de formation pour cette spécialité de 10% dès 2025 à 50% en 2030.
Et il promet des revalorisations pour ces professionnels intervenant dans les établissements publics. Revalorisations également attendues pour les pédo-psychologues, dont le nombre dans les centres médico-psychologiques (CMP) doit nécessairement augmenter face aux récentes alertes sur la santé mentale des jeunes.
- Solutions de "répit" -
Pour prévenir la dépression post-natale, un entretien réalisé après l'accouchement sera systématisé. "Le remboursement intégral" de cet entretien "est une mesure forte", a commenté Sarah El Haïry.
Des solutions de "répit" pourront être proposées pour prévenir l'épuisement parental comme des lieux d'accueil d'urgence ou des garderies solidaires.
En néonatalogie, également en crise, l'objectif est d'atteindre 1 lit pour 1.000 naissances, en réanimation, sur tout le territoire à l'horizon 2027.
Le gouvernement insiste aussi sur la nécessité d'améliorer l'accès aux soins pour les enfants victimes de violences, prévoyant des examens gratuits en santé mentale ou avec des psychomotriciens.
Globalement, il s'agira de "former mieux et former davantage de professionnels à la santé de l’enfant". Pour y parvenir, le gouvernement compte accroître de 50% le nombre de places en formation en médecine pédiatrique d’ici à 2030 pour atteindre 600 places par an.
Il entend par ailleurs créer une mention en pratique avancée en "santé des enfants" pour les infirmiers pour une première rentrée en scolarité en septembre 2027 au plus tard.
Afin de contribuer à la recherche et améliorer les connaissances autour de la santé infantile, une grande cohorte pédiatrique prénatale, comprenant 200.000 familles enrôlées sur quatre ans, permettra de mieux comprendre les déterminants environnementaux et psychosociaux de la survenue des pathologies pédiatriques, notamment les cancers.
(T.Burkhard--BBZ)