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Les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20, réunis mercredi en marge des réunions du FMI et de la banque mondiale, sont apparus en ordre dispersé sur l'attitude à adopter vis-à-vis de la Russie. Et le conflit en Ukraine éclipse les grands dossiers à l'ordre du jour comme la restructuration de la dette des pays pauvres ou la sécurité alimentaire.
"La guerre est incompatible avec la coopération", a déclaré le ministre français de l'économie Bruno Le Maire en ouverture de la réunion. Et il a exhorté la Russie à "s'abstenir de participer aux réunions du G20" qui réunit les vingt grandes économies mondiales dont les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, le Brésil, le Japon, la France et l'Allemagne.
La présidence indonésienne avait été saisie de cette demande d'exclure Moscou du G20 dès le mois dernier mais elle s'est refusée à l'accepter au nom de l'impartialité.
Certains ministres dont M. Le Maire et la secrétaire américaine eu Trésor Janet Yellen ont donc décidé de ne pas participer aux sessions où les responsables russes devaient prendre la parole.
"De nombreux ministres des finances et banquiers centraux, dont le ministre ukrainien (Serguiï Marchenko) et la secrétaire (Janet) Yellen sont sortis quand la Russie a commencé à parler", a indiqué une source proche de la délégation américaine. "D'autres ministres et gouverneurs, qui étaient en virtuel, ont éteint leur caméra".
A Londres, on précise que les représentants britanniques ont aussi quitté la salle de même que les représentants canadiens.
Des ministres du G7 ont par ailleurs obtenu que l'Ukraine qui n'est pas membre du G20 participe à cette réunion, selon deux sources proches des délégations française et américaine.
- Tribune pour Moscou ? -
Le ministre allemand des Finances Christian Lindner a, lui, défendu la volonté de participer à toutes les sessions y compris celles en présence des responsables russes.
"Nous n'offrirons pas une tribune à la Russie pour diffuser sa propagande et ses mensonges", a-t-il déclaré à des journalistes à Washington où la réunion du G20 se tient en présence de certains de ses homologues, d'autres ayant opté pour le mode virtuel.
Mais il a assuré que l'Allemagne, qui préside actuellement le G7, s'efforçait d'obtenir "une réaction commune, en cas de participation de représentants russes aux réunions" du G20 sans donner plus de détails.
C'est la première fois que les grands argentiers du G20 se retrouvaient depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février.
Ils s'étaient quittés à Jakarta, en Indonésie, quelques jours plus tôt, sur la promesse de se coordonner pour une reprise mondiale "plus forte".
L'offensive russe a considérablement assombri les perspectives, aggravant l'inflation et provoquant une crise alimentaire.
"Le FMI et le G20 doivent s'attaquer" à la question de l'inflation, a appelé mercredi Bruno Le Maire, déplorant aussi l'insécurité alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva a, elle, exhorté les pays à continuer leur coopération malgré les tensions.
"Aucun pays ne peut résoudre ses problèmes seul. Il est évident que la coopération doit et va se poursuivre", a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse.
Le FMI a ramené sa prévision de croissance mondiale à 3,6% cette année, contre 4,4% projetés en janvier. Et un enlisement de la guerre en Ukraine et une aggravation des sanctions contre Moscou dégraderaient davantage les perspectives mondiales.
Les nations occidentales ont riposté à l'attaque sanglante en prenant des sanctions visant à couper les ressources financières de la Russie. Certaines banques russes sont exclues du système international de paiement Swift et la banque centrale n'a plus accès à certaines de ses réserves.
Mais les Etats-Unis et d'autres pays alliés veulent accroître la pression sur Moscou. D'autres pays comme l'Allemagne, dépendants de la Russie pour leur approvisionnement en énergie, sont moins enclins à suivre le mouvement.
Malgré les tensions entourant ce G20, le FMI et la Banque mondiale ont d'ores et déjà appelé à ne pas perdre le cap, soulignant l'urgence à mettre en oeuvre le cadre commun du G20 pour restructurer la dette des pays pauvres alors que 60% des pays à faible revenus sont en surendettement ou risquent de l'être prochainement.
"Je n'ai aucun doute qu'il y aura des discussions substantielles" au cours de ce G20, a opiné Kristalina Georgieva.
(A.Berg--BBZ)