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L'ANC au pouvoir en Afrique du Sud continuait à enregistrer vendredi un net recul dans les urnes, selon des résultats partiels des législatives les plus contestées depuis la fin de l'apartheid, laissant entrevoir une perte historique de sa majorité absolue au Parlement.
Avec plus de 40% des votes comptabilisés dans la nuit de jeudi à vendredi, le Congrès national africain (ANC) se plaçait sous la barre fatidique des 50%, à environ 42% des suffrages exprimés, selon la commission électorale (IEC).
Le plus grand parti d'opposition (Alliance démocratique, DA, centre libéral) cumulait moins de 25%. Les radicaux de gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) rassemblaient 9% des voix, tout juste dépassés par le parti populiste Umkhonto We Sizwe (MK) du sulfureux ex-président Jacob Zuma, à plus de 10%.
Les grandes villes, notamment Johannesburg et Durban, ne sont pas encore comptabilisées dans ces résultats partiels, a indiqué la commission électorale.
La participation s'établit actuellement autour de 60%, soit une baisse par rapport aux 66% enregistrés lors des dernières législatives de 2019.
Vendredi matin, le site de l'IEC qui actualise en continu les résultats au fur et à mesure du décompte des bulletins exprimés, est tombé en panne vers 5H30 GMT, a constaté l'AFP.
"Nous nous excusons pour le problème survenu avec notre système électoral destiné au public et nous efforçons de rétablir le service", écrit la commission électorale, précisant que "le système des résultats reste opérationnel" et que la commission "continue de saisir les résultats".
Les réseaux sociaux n'ont pas tardé à s'enflammer, certains internautes ironisant sur cette panne évocatrice des coupures d'électricité récurrentes dans le pays, jusqu'à douze heures par jour à certaines périodes, mais qui ont disparu pendant la campagne électorale.
D'autres se sont empressés d'y voir une volonté de camouflage des résultats, qui sont pour l'instant décevants pour l'ANC.
- Alliances et coalition en vue -
Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant samedi au plus tôt. Mais ces résultats partiels reflètent pour l'instant les prévisions des experts et enquêtes d'opinion des dernières semaines.
Les 400 députés de la nouvelle Assemblée devront ensuite élire le président courant juin.
Pour nombre des 62 millions de Sud-Africains, le parti de Nelson Mandela qui avait promis aux premières élections multiraciales en 1994 l'éducation, l'eau et un toit pour tous, n'a pas tenu ses engagements: la criminalité atteint des records, la pauvreté et les inégalités vont croissant.
Le quotidien est aussi rongé par des coupures d'eau et d'électricité. Et les affaires de corruption impliquant de hauts responsables de l'ANC ont fini d'entamer une confiance déjà mise à mal.
Dans la province zouloue (KZN, est), bastion traditionnel de l'ANC qui concentre tous les regards et où l'armée est déployée, le MK est en tête avec plus de 43% des voix contre 21% pour l'ANC.
"Le MK est vraiment venu grignoter des voix à l'ANC", souligne auprès de l'AFP le politologue Siphamandla Zondi. De nombreux observateurs prédisent que la province clef, qui rassemble plus d'un cinquième de l'électorat du pays, tombera aux mains de Jacob Zuma.
L'ancien chef d'Etat (2009-2018) de 82 ans, déclaré inéligible quelques jours avant le scrutin, bénéficie encore d'un fervent soutien populaire particulièrement dans son fief du KZN.
L'ANC, qui détient actuellement 230 sièges de députés (57,5%) devrait rester le plus gros parti au Parlement. Mais s'il passe sous la barre des 50% des voix, il devra se résoudre à nouer des alliances et tenir des négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition.
Selon l'analyste politique Susan Booysen, l'ANC devra vraisemblablement décider s'il se rapproche des velléités libérales de la DA, qui a promis de "sauver l'Afrique du Sud" et son économie, ou des demandes "erratiques" de l'EFF, comme la redistribution de terres et la privatisation des mines.
(P.Werner--BBZ)