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Près de neuf ans après l'accident, le procès de l'une des pires catastrophes ferroviaires survenues en France s'ouvre lundi après-midi devant le tribunal d'Évry (Essonne), qui jugera pendant huit semaines la Société nationale SNCF, SNCF Réseau et un cadre.
Le tribunal correctionnel doit, jusqu'au 17 juin, établir les responsabilités de chacun dans le déraillement du train Intercités Paris-Limoges n°3657, le 12 juillet 2013 à 17H11, en gare de Brétigny-sur-Orge.
Ce vendredi de départ en vacances, six personnes, âgées de 19 à 82 ans, meurent. Une septième, grièvement blessée, décèdera une quinzaine de jours plus tard. Trois se trouvaient à bord du train et quatre sur le quai.
Vingt-cinq témoins et quatre experts sont cités par le tribunal pour éclaircir ce drame et comprendre les causes du retournement d'une éclisse en acier - sorte de grosse agrafe joignant deux rails. C'est ce retournement qui a fait dérailler le train circulant à 137 km/h (pour une vitesse limite de 150 km/h).
Sept ans d'enquête et de bataille d'expertises seront décryptées au cours du procès qui débute lundi à 13H30 par la lecture des faits reprochés et le rapport de la présidente Cécile Louis-Loyant.
Comparaîtront, sur le banc des prévenus, le cadre qui a réalisé la dernière tournée de surveillance, le gestionnaire des voies SNCF Réseau (qui a succédé à Réseau ferré de France) et la Société nationale SNCF (héritière pénalement de SNCF Infra, chargée de la maintenance) pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires".
- "Égalité des armes" -
L'accusation, représentée par le procureur Rodolphe Juy-Birmann, reproche à SNCF Réseau "des fautes" ayant "conduit à l'absence de renouvellement anticipé" de la voie ou à "l'insuffisance des effectifs", ainsi que des défaillances "dans l'organisation, le contrôle et la réalisation des opérations de maintenance" à la Société nationale SNCF.
Âgé de 24 ans au moment des faits, le cheminot, directeur de proximité, devra répondre d'"une appréciation fautive": celle d'avoir effectué "seul la dernière inspection des voies", avec une attention "manifestement insuffisante", huit jours avant le déraillement.
Sollicités, leurs avocats n'ont pas souhaité s'exprimer avant les débats.
A ce jour, 435 victimes ont été identifiées. Parmi elles, 184, dont neuf personnes morales, se sont portées parties civiles et seront représentées par une cinquantaine d'avocats.
Pour les accueillir, le tribunal d'Évry a relevé un défi d'organisation. Tenir les débats au sein même du palais était primordial pour préserver "une égalité des armes" entre parties civiles et prévenus, a expliqué le président du tribunal, Benjamin Deparis, à l'AFPTV.
Une quarantaine de ces parties civiles ont indiqué souhaiter prendre la parole à l'audience et seront entendues par le tribunal à partir du 31 mai.
"Ce procès sera une expérience pénible, très traumatisante (...) mais un moment essentiel pour les victimes", a expliqué à l'AFP Thierry Gomes, qui sera auditionné par le tribunal dès mercredi en tant que président de l'association "Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny" (EDVCB).
Bertrand Burman, avocat d'une dizaine de parties civiles, a de son côté fait part du "malaise" des parties civiles à l'approche du procès "face à la responsabilité contestée par la SNCF".
"Nous savons qu'il y a une défaillance qui aurait pu être prévenue et traitée avant ce 12 juillet", a-t-il affirmé.
Pour Me Gérard Chemla, avocat de l'association EDVCB, de la Fenvac et de 24 parties civiles, débute lundi le procès d'"un pot de terre contre le chemin de fer".
(O.Joost--BBZ)