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Les violences contre les enfants lors des conflits ont atteint des "niveaux extrêmes" en 2023, particulièrement à Gaza et au Soudan, selon un rapport de l'ONU vu par l'AFP mardi, qui inscrit les armées israélienne et soudanaise sur sa "liste de la honte".
"En 2023, la violence contre les enfants lors des conflits armés a atteint des niveaux extrêmes, avec une augmentation choquante de 21% des violations graves", indique le rapport annuel du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, malgré des données incomplètes à Gaza.
Le document, qui doit être publié officiellement jeudi, précise que l'ONU a "vérifié" 30.705 violations commises l'an dernier, dont 5.301 meurtres, 6.348 blessures, 8.655 recrutements et utilisations d'enfants dans les conflits, 5.205 refus d'accès humanitaire et 4.356 enlèvements.
"Nous n'avons jamais vérifié autant de violations contre les enfants que l'an dernier", a souligné un haut responsable onusien sous couvert de l'anonymat, précisant que cela incluait plus de 2.000 violations commises précédemment, mais seulement documentées en 2023.
Chaque année, à la demande du Conseil de sécurité, le secrétaire général répertorie les violations des droits des enfants (moins de 18 ans) dans une vingtaine de zones de conflit dans le monde et dresse en annexe la "liste de la honte" des responsables de ces violations.
En 2023, les enfants "ont été les premiers touchés par la multiplication et l'escalade des crises, marquées par un total mépris des droits des enfants, en particulier du droit inhérent à la vie", insiste le rapport.
Il souligne notamment que le conflit en Israël et dans les territoires palestiniens a conduit à des violations des droits des enfants "d'une ampleur et d'une intensité sans précédent", avec une augmentation des violations graves de 155%, liée à l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et à l'offensive israélienne en représailles dans la bande de Gaza.
Dans ce contexte, Antonio Guterres, critiqué ces dernières années pour avoir épargné Israël, a décidé d'ajouter l'armée israélienne à la "liste de la honte" en raison des meurtres et des blessures d'enfants, et des attaques contre des écoles et des hôpitaux à Gaza, notamment avec l'utilisation d'armes explosives dans des zones densément peuplées.
Cette inscription avait été dévoilée la semaine dernière par l'ambassadeur israélien à l'ONU, qui s'était dit "écoeuré".
L'ONU a pu confirmer la mort de 2.141 enfants palestiniens dans la bande de Gaza en 2023, dont l'immense majorité (2.051) entre le 7 octobre et le 31 décembre.
Mais en raison des difficultés d'accès et de l'ampleur de la tâche, les données sont incomplètes.
- "Augmentation stupéfiante" -
Le rapport note ainsi que "plus de 23.000 violations graves" qui auraient été commises "par toutes les parties au conflit" - dont 3.900 contre des enfants israéliens (principalement des enfants blessés le 7 octobre) et 19.887 contre des enfants palestiniens (dont 9.100 tués) - sont "en attente de vérification".
Et "cela prendra très longtemps de vérifier" ces cas, a prévenu le haut responsable onusien.
La liste ajoute aussi le Hamas et les brigades al-Qods, branche armée du Jihad islamique palestinien, spécifiquement pour les meurtres, blessures et enlèvements d'enfants le 7 octobre.
Le rapport se penche également sur la guerre que se livrent depuis avril 2023 l'armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo.
Le rapport constate une "augmentation stupéfiante de 480%" du nombre de violations graves contre les enfants dans le pays en 2023, avec 1.721 violations graves contre 1.526 enfants, dont 480 tués et 764 blessés.
"Consterné" par cette hausse "dramatique", Antonio Guterres a inscrit sur la "liste de la honte" l'armée soudanaise et les FSR.
La première pour les meurtres et blessures d'enfants, et les attaques contre des écoles et des hôpitaux. La deuxième pour ces mêmes violations, plus des viols et autres violences sexuelles, ainsi que le recrutement de plusieurs dizaines d'enfants soldats.
"Je suis très inquiet de l'escalade des violences intercommunautaires, y compris les attaques liées à l'ethnie et le déplacement de masse des enfants", insiste Antonio Guterres.
D'autre part, l'armée russe et "groupes armés affiliés", ajoutés à la liste il y a un an, y sont toujours. Selon les chiffres vérifiés du rapport, ils ont tué en Ukraine 80 enfants en 2023 et en ont blessé 339.
(Y.Berger--BBZ)