AEX
4.0100
Nouvelle direction pour Orange: le conseil d'administration du géant français des télécoms a entériné vendredi le choix de Christel Heydemann, 47 ans, pour succéder à Stéphane Richard, condamné en novembre dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais, au poste de directeur général.
Diplômée de Polytechnique et de l'Ecole des Ponts et Chaussées, elle devient la deuxième femme à diriger une entreprise du CAC 40, avec la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor. Sa prise de fonction est prévue le 4 avril 2022, a indiqué Orange dans un communiqué.
"Afin de préserver la continuité des activités de l'entreprise et d'assurer une transition la plus efficace possible", Stéphane Richard va poursuivre "son mandat de président-directeur général jusqu'à la prise de poste de Christel Heydemann", a précisé l'entreprise.
A la tête de l'opérateur historique depuis 2011, M. Richard a été reconnu coupable en novembre de complicité de détournement de biens publics dans l'affaire de l'arbitrage controversé rendu en 2008 entre l'homme d'affaires Bernard Tapie, depuis décédé, et le Crédit Lyonnais.
Il était à l'époque directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
Le scénario étudié depuis plusieurs mois pour changer la gouvernance d'Orange a également été acté vendredi par le conseil d'administration, à savoir la dissociation des fonctions de président et de directeur général que Stéphane Richard cumulait.
Plusieurs groupes dont l'Etat est actionnaire ont mis en place une telle gouvernance, comme Renault, après le départ de Carlos Ghosn, ou Engie, où Gérard Mestrallet est passé en 2016 de PDG à président non exécutif.
"Stéphane Richard continuera à l'arrivée de la nouvelle directrice générale d'assurer les fonctions de président non exécutif jusqu'à l'arrivée d'un nouveau président et au plus tard jusqu'au 19 mai 2022, date de l'assemblée générale d'Orange", a précisé le groupe.
La course pour ce poste est déjà lancée, avec plusieurs candidats cités comme Pascal Cagni, ancien dirigeant d'Apple en Europe, ou déjà déclarés comme Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC Orange, premier syndicat du groupe, et membre du conseil d'administration.
- Soutien de Bercy -
En lice face à d'autres "profils intéressants", Christel Heydemann a pu compter sur le soutien décisif du gouvernement pour devancer ses concurrents.
"Tout le monde s'est rangé à la position de l'Etat", premier actionnaire du groupe avec plus de 20% du capital, avait affirmé lundi à l'AFP une source proche du dossier.
Le ministère de l'Economie avait publiquement affiché son soutien à l'actuelle directrice Europe de Schneider Electric début janvier, en indiquant donner sa préférence à la nomination d'une femme parmi les trois candidats en lice, avec l'actuel directeur général délégué du groupe, Ramon Fernandez, et le responsable des ventes de l'opérateur américain Verizon, Frank Boulben.
Le ministre Bruno Le Maire "souhaite que plus de femmes accèdent à des postes de gouvernance des grandes entreprises", avait encore indiqué à l'AFP le ministère.
Seulement une femme dirige actuellement en France une entreprise du CAC 40, la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor. Mais à partir du 1er juillet, Estelle Brachlianoff deviendra également directrice générale de Veolia.
Forte d'une longue expérience dans le secteur des télécoms chez Alcatel-Lucent, Christel Heydemann est membre du conseil d'administration d'Orange depuis 2017.
"En qualité d'administratrice du groupe depuis près de cinq ans, j'ai pu appréhender les enjeux technologiques auxquels notre société fait face. Je sais que les défis sont majeurs, mais c'est aussi un immense honneur de contribuer au développement d'un des acteurs majeurs de l'industrie des télécoms", a-t-elle déclaré à l'issue de sa nomination, dans un communiqué.
Présent dans 26 pays dans le monde, Orange, qui emploie plus 140.000 salariés dans le monde, dont plus de 80.000 en France, a réalisé un chiffre d'affaires de 42,27 milliards d'euros en 2020.
(G.Gruner--BBZ)