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Le président russe Vladimir Poutine a été accueilli mercredi avec une cérémonie militaire et un tapis rouge à Pyongyang par Kim Jong Un, lors d'une visite d'Etat au cours de laquelle les dirigeants des deux pays sous le coup de sanctions se sont promis de renforcer leur liens.
A l'ouverture d'un sommet bilatéral, le dirigeant nord-coréen a salué l'avènement d'une "nouvelle ère" dans les relations avec Moscou et Vladimir Poutine a remercié son hôte pour son soutien à la guerre qu'il mène en Ukraine.
"Nous apprécions beaucoup votre soutien systématique et permanent de la politique russe, y compris sur le dossier ukrainien", a déclaré M. Poutine, cité par les agences russes.
A l'issue d'une cérémonie sur la place Kim Il Sung, avec une fanfare militaire et des danses synchronisées, le chef du Kremlin a invité le dirigeant nord-coréen à se rendre à Moscou.
Dans la nuit, M. Kim avait accueilli Vladimir Poutine à son arrivée à l'aéroport, avec une accolade, soulignant un renforcement des relations qui suscite l'inquiétude à Séoul et Washington.
Les États-Unis et leurs alliés ont accusé la Corée du Nord de fournir des munitions et des missiles à la Russie pour sa guerre en Ukraine et craignent que la visite de M. Poutine ne débouche sur de nouvelles livraisons.
- "Nouvelle ère" -
Le président russe a indiqué qu'un "nouveau document fondamental" renforçant les relations bilatérales à long terme était prêt à être signé. Kim Jong Un a salué avec lyrisme le rapprochement entre Moscou et Pyongyang.
"Les relations entre nos pays entrent dans une nouvelle ère de nouvelle et grande prospérité qu'il est impossible de comparer même à celle de la période des relations soviéto-coréennes du siècle dernier", a déclaré le dirigeant nord-coréen, cité par les agences de presse russes.
Il s'agit de la première visite en Corée du Nord de Vladimir Poutine depuis 24 ans et de la deuxième rencontre entre les deux hommes en moins d'un an.
En septembre dernier, Kim Jong Un s'était rendu en train blindé dans l'Extrême-orient russe pour un sommet avec le chef du Kremlin axé sur l'espace.
Lors du sommet de mercredi, les deux dirigeants devraient se pencher sur les moyens de renforcer leur coopération militaire, selon des analystes.
Moscou et Pyongyang sont alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), mais se sont rapprochés depuis l'opération militaire russe lancée en Ukraine en 2022.
"La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d'armement en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d'énergie et d'armes de pointe pour alléger la pression des sanctions", a indiqué à l'AFP Koh Yu-hwan, professeur émérite d'études nord-coréennes à l'université de Dongguk.
"La question de l'alliance militaire doit toutefois être considérée séparément de ce qui est annoncé publiquement et de ce qui est réellement discuté lors des réunions entre les deux dirigeants", a-t-il déclaré, ajoutant que Moscou restait prudent et ne voulait pas "brûler complètement les ponts avec des pays comme la Corée du Sud".
- Préoccupations occidentales -
Américains et Européens s'inquiètent depuis des mois du rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang, accusant les Nord-Coréens de livrer massivement des munitions et des missiles à la Russie.
En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et envoyé de l'aide pour faire face aux pénuries alimentaires du pays.
En mars, la Russie avait utilisé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à la surveillance des violations des sanctions internationales visant la Corée du Nord, un cadeau majeur à Pyongyang.
La Corée du Sud avait dit jeudi "surveiller de près les préparatifs" de la visite de Vladimir Poutine, qui doit dans la foulée effectuer un déplacement au Vietnam.
Quelques heures avant l'arrivée de M. Poutine à Pyongyang, "plusieurs dizaines de soldats nord-coréens ont franchi la ligne de démarcation militaire", selon l'état-major sud-coréen, avant de battre en retraite sous les tirs de sommation du Sud.
D'après la même source, cette incursion --la deuxième en moins de deux semaines-- était accidentelle.
Cette visite d'Etat est un moyen pour M. Poutine de remercier le Nord "de remplir le rôle d'un +arsenal pour l'autocratie+ en soutenant son invasion illégale de l'Ukraine", a estimé Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul.
(T.Renner--BBZ)