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Considéré comme "un repère de prédateurs" par des associations et mis en cause dans des guet-apens homophobes, le site de discussion coco.gg a été fermé mardi et quatre suspects étaient entendus dans le cadre d'une enquête ouverte à Paris.
Le site coco.gg affichait le message sur fond bleu de la gendarmerie: "Ce site a été fermé par la direction générale des douanes et droits indirects et la gendarmerie nationale, sous l'autorité de la Junalco (juridiction nationale en charge de la lutte contre la criminalité organisée, NDLR) du parquet de Paris."
Quatre personnes étaient entendues par les enquêteurs dans cette affaire, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Parmi elles, le propriétaire du site, entendu à l'étranger, et sa femme, qui a été placée en garde à vue mardi dans le Var, selon une autre source proche du dossier.
Le site "coco" a été fermé "dans le cadre d'une enquête judiciaire menée sous la direction de la Junalco du parquet de Paris", a précisé la procureure de la République de Paris Laure Beccuau.
Ces investigations ont été conduites par "l'unité nationale cyber de la gendarmerie nationale (UNCyber) et l'Office national anti-fraude (ONAF), avec l'appui du commandement du ministère de l'Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI), en France, en Bulgarie, en Allemagne, en Lituanie, aux Pays-Bas et en Hongrie", a ajouté la magistrate dans un communiqué.
Les opérations ont été coordonnées avec Eurojust, l'agence judiciaire européenne.
L'enquête a été ouverte en décembre 2023, notamment pour fourniture d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée et pour des infractions relatives à la pédocriminalité, au proxénétisme aggravé, au blanchiment aggravé et à l'association de malfaiteurs.
- "Facilitateur" d'agressions -
"Le site coco.gg est connu depuis de nombreuses années comme étant un facilitateur de commission de diverses infractions, notamment des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d'homicides", a rappelé la procureure de Paris.
Selon son communiqué, entre le 1er janvier 2021 et le 7 mai 2024, "pas moins de 23.051 procédures judiciaires en lien avec la plateforme coco ont été ouvertes".
Au total 70 parquets "sur l'ensemble du territoire national ont transmis des procédures" impliquant ce site, au préjudice de 480 victimes.
Le 6 mai, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé saisir la justice des activités du site.
"Les gendarmes ont fait fermer le site +Coco+, sur lequel de nombreux crimes et délits étaient orchestrés: agressions homophobes, trafics de drogues… Les dirigeants de cette plateforme mafieuse ont été interpellés", a-t-il écrit mardi sur X.
Pour entrer sur coco.gg, qui se présentait comme un "site de chat sans inscription", il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de se créer un pseudo, sans aucun contrôle.
Immatriculé sur l'île anglo-normande de Guernesey, il se présentait sous un visuel des années 80 qui rappelait le Minitel.
Depuis plusieurs mois, des associations avaient alerté sur le danger qu'il pouvait représenter et ont salué mardi la fermeture du site.
- "Etre vigilant" -
L'association SOS Homophobie avait demandé sa fermeture après le guet-apens dont avait été victime un homme homosexuel à Marseille début octobre 2023.
"Fermer Coco est un acte efficace et symbolique mais il est nécessaire d'être vigilant parce que nous ne sommes pas à l'abri de l'existence d'autres sites similaires qui passent encore sous les radars", a déclaré à l'AFP Julia Torlet, présidente de l'association, qui souhaite la mise en place de "dispositifs de sécurité et d'alerte".
La plateforme était également dans la ligne de mire des associations de protection de l'enfance, tel Innocence en danger.
"La fermeture du site est un début de la lutte contre l'accessibilité des prédateurs à leurs victimes", a réagi auprès de l'AFP Sophie Antoine, responsable juridique et plaidoyer d'Agir contre la prostitution des enfants (ACPE), confiant son "soulagement énorme".
"Internet n'est pas une zone de non-droit, où l'on peut faire n'importe quoi", a pour sa part souligné Samuel Comblez, de l'association e-enfance, "heureux de savoir que l'espace numérique peut être protégé".
Selon Le Monde, ce site appartient à une société immatriculée en Bulgarie.
Il a auparavant été détenu par plusieurs autres sociétés, avec un propriétaire qui reste "en réalité identique": un "discret ingénieur" installé dans le Var, selon le quotidien.
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(U.Gruber--BBZ)