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Un bout hexagonal de métal issu de la tour Eiffel serti au centre de rayons qui rappellent le plissé d'une cocarde, la Monnaie de Paris met la dernière main aux médailles qui récompenseront les athlètes sur les podiums des Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
La fabrication des 5.084 médailles, dessinées par la maison Chaumet (groupe LVMH), a débuté dès janvier dans l'établissement public qui fabrique toutes les pièces de monnaie françaises, et devrait s'achever fin juin avec la préparation des dernières médailles paralympiques.
Des bouts de métal livrés à l'Hôtel de la monnaie, bâtiment du XVIIIe siècle sur les quais de Seine, jusqu'aux médailles terminées, "il y a plus de 30 étapes", explique le PDG de l'institution, Marc Schwartz.
Dans ce décor classique où se côtoient machines industrielles et outillage artisanal en bois et métal, chaque médaille passe ainsi d'un atelier à l'autre, manipulée avec attention par ouvriers et artisans qui s'assurent à chaque étape de la perfection des détails.
Les ronds de métal passeront trois fois à la presse avec une pression de 700 tonnes pour y graver les motifs: rayons au recto, et au verso déesse Niké de la victoire sur les médailles olympiques et vue de la tour Eiffel avec des inscriptions en braille pour les paralympiques.
"Pour nous ce n'est pas une médaille, c'est un bijou. Et on l'a pensé comme une pièce unique pour chaque athlète", raconte Benoit Verhulle, Chef d'atelier du joaillier Chaumet.
"Dans cette médaille on a tout le savoir-faire de nos artisans, elle est française par le savoir faire de la Monnaie de Paris de la maison Chaumet", ajoute-t-il.
C'est aujourd'hui la tradition de laisser le pays organisateur fabriquer lui-même les médailles olympiques, mais la Monnaie de Paris avaient été mise à contribution par Pierre de Coubertin dès les premiers jeux de l'époque moderne en 1896 à Athènes. Elle a depuis fabriqué les médailles pour les jeux de 1900, 1924, 1968 et 1992, qui se sont déroulés en France.
- "Fierté" -
"C'est une fierté pour nous" d'avoir fabriqué ces médailles, explique Jacky Frehel directeur industriel de la Monnaie de Paris, qui sourit à l'idée que celles-ci vont d'ici la fin de l'été s'égayer à travers le monde à la suite des gagnants des différentes épreuves.
D'autant plus que ces cercles de bronze, d'argent et d'or ont demandé beaucoup de travail de mise au point aux artisans d'art et aux ingénieurs de l'établissement, par exemple pour réaliser l'insert d'un bout de tour Eiffel, venu des stocks de la société d'exploitation du monument parisien.
"Avoir un morceau d'une icône de Paris, la tour Eiffel, c'était littéralement magique. On ne savait pas si c'était possible de le faire", explique Joachim Roncin directeur du design des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
"C'est une discussion qu'on a eue à trois avec la Monnaie de Paris et la maison Chaumet au cours d'"un an et demi de réunions autour de ces médailles", ajoute-t-il.
Autre spécificité: la disparition de la bélière, l'anneau qui permet de glisser le ruban de la médaille, le ruban étant inséré directement dans une gorge sur la tranche de la médaille.
"Un véritable défi technique", réalisé par un technicien qui a réussi à adapter une machine existante, selon M. Schwartz.
La gravure des épreuves auxquelles elles sont destinées et l'enrubannage sont d'ailleurs les dernières étapes du parcours des médailles à la Monnaie de Paris, au rythme de 120 par jour.
Elles sont ensuite soigneusement conditionnées pour être remise à la Brinks, entreprise spécialisée dans les transport de fonds, qui se chargera de les garder en lieu sûr avant de les distribuer sur les lieux de chaque épreuve.
Pour éviter que les médailles ne s'égarent ou qu'on ne les livre pas au bon endroit, chaque ruban est également doté d'une puce électronique.
(U.Gruber--BBZ)