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Le compte à rebours a commencé: l'assemblée générale des actionnaires de Generali devra se prononcer vendredi sur la reconduction du PDG Philippe Donnet, à laquelle s'opposent deux milliardaires tout-puissants qui ne cessent de monter au capital de l'assureur italien.
La fronde est menée par le magnat de la construction et de la presse Francesco Gaetano Caltagirone, 79 ans, épaulé par Leonardo Del Vecchio, 86 ans, fondateur du fabricant de lunettes Luxottica et deuxième fortune d'Italie.
Le camp des deux milliardaires a présenté sa propre liste de treize candidats qui concurrence celle du conseil d'administration sortant, sur laquelle figure M. Donnet, un polytechnicien français âgé de 61 ans, en quête d'un troisième mandat.
Face à lui, c'est Luciano Cirina, 56 ans, ancien responsable de l'Autriche et de la région Europe de l'est de Generali, qui brigue le poste de PDG. Le groupe, qui y voit une "trahison", l'a limogé peu après l'annonce de sa candidature.
L'assemblée générale des actionnaires se tiendra en visioconférence et débutera à 09H00 (07H00 GMT).
Le vote s'annonce serré: M. Donnet peut compter sur Mediobanca, principal actionnaire avec 12,8% du capital mais 17,2% des droits de vote, grâce à un emprunt d'actions, la holding De Agostini (1,44%) et une série de fonds d'investissement, surtout étrangers, qui se sont rangés publiquement derrière lui.
Côté dissidents, MM. Caltagirone (9,95%) et Del Vecchio (8%) ont le soutien de la fondation CRT (1,7%) et aussi de la famille Benetton (4%), qui vient de se rallier à eux, préférant les candidats des "entrepreneurs" à la "liste autoproclamée" des administrateurs sortants.
- Querelle de chiffres -
Une troisième liste, très minoritaire, est présentée par Assogestioni, qui regroupe des investisseurs institutionnels italiens et représente 0,64% du capital.
Candidat des frondeurs au poste de président du conseil d'administration, Claudio Costamagna, un ancien banquier de Goldman Sachs, a taxé Generali de "belle endormie" au "potentiel énorme" qu'il "faudra réveiller".
Les frondeurs ont publié en mars un plan stratégique présenté comme étant "plus ambitieux" que celui de M. Donnet, baptisé "Réveiller le lion", en allusion à l'emblème de l'assureur.
Ce plan table sur une hausse du bénéfice par action de plus de 14% par an d'ici 2024, contre un objectif de 6 à 8% prévu par M. Donnet, et se montre plus généreux en termes de fusions-acquisitions, avec un trésor de guerre de 7 milliards d'euros.
Les dissidents font valoir que Generali a perdu du terrain par rapport à Allianz, Axa ou Zurich Insurance, avec une capitalisation qui a diminué de 8,2 milliards d'euros ces 15 dernières années, là où ses concurrents ont augmenté la leur.
Les partisans de M. Donnet rétorquent que depuis son arrivée en novembre 2016, le cours du titre a grimpé de 55%, bien au-dessus de la moyenne du secteur, et le rendement des actionnaires s'est accru de 106%. Et en 2021, pour la troisième année d'affilée, l'assureur a affiché des résultats record.
- Réveiller le lion? -
Faut-il réveiller Generali? "Le lion s'est déjà réveillé ces dernières années, d'importantes transformations ont été réalisées", a commenté à l'AFP Giuliano Noci, professeur de stratégie à l'école Polytechnique de Milan, jugeant "positif" le bilan de M. Donnet.
Le choix des actionnaires institutionnels, soit 35% du capital, sera décisif pour cette bataille inédite. Les deux principales sociétés de conseil aux actionnaires ISS et Glass Lewis, en général très écoutées par ces investisseurs, ont recommandé de voter pour la liste de M. Donnet, plus crédible selon elles.
Le cabinet Glass Lewis a estimé que le plan des frondeurs faisait preuve d'un "optimisme déconcertant", sans chiffrer les coûts ou risques associés.
Mais MM. Caltagirone et Del Vecchio, deux grandes figures du capitalisme italien, disposent de forts soutiens dans le monde entrepreneurial de la péninsule.
Et ils pourraient aussi augmenter la pression sur Mediobanca, leur principal adversaire dans la lutte pour le contrôle de Generali, qu'ils accusent d'agir en coulisse pour y imposer les dirigeants de son choix.
Les accusations portées contre Mediobanca sont d'autant plus explosives que M. Del Vecchio en est le principal actionnaire, avec une part de 19,4%, et M. Caltagirone en détient 3,1%.
(Y.Yildiz--BBZ)