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La Bourse de New York a ouvert en hausse vendredi, avant de se retourner dès les premières minutes, lestée par une humeur globalement morose, craignant que la Banque centrale américaine (Fed) n'agisse à contretemps pour juguler l'inflation.
Tous les indices étaient initialement partis dans le vert, mais vers 15H05 GMT, le Dow Jones abandonnait 0,89%, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, 0,67%, et l'indice élargi S&P 500, 0,63%.
Le Nasdaq se rapproche de la barre des -20% (-17% actuellement) depuis son record de début novembre.
"Actuellement, on trouve plus de raisons négatives que positives quand on pense au marché. C'est une question d'état d'esprit", a résumé Gregori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services.
"Une fois de plus, les opérateurs ont beaucoup d'informations à digérer", a commenté, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com. "Ce n'est ni tout mauvais, ni tout bon. Du coup, les indices sont volatils."
Avant l'ouverture le marché avait vu passer une série d'indicateurs macroéconomiques ternes, d'une inflation toujours élévée, à 5,8% sur un an (indice PCE), comme attendu, à l'augmentation des revenus des ménages moins fortes que prévu en décembre (+0,3%).
"Le chiffre d'inflation ne va rien changer à la politique de la Fed. Elle est déjà prise en compte par la Fed et le marché."
Au fil des séances Wall Street s'habitue à l'idée que sa glissade des dernières semaines n'émeut pas du tout la Banque centrale américaine (Fed).
"Il faut quand même se mettre dans la tête qu'à court terme la Fed ne va pas adopter un discours plus accommodant pour aider les marchés", a martelé Gregori Volokhine, "certainement pas."
Dès lors, "le marché regrette cette Fed qui, pendant longtemps a été là dès que les choses se compliquaient."
La Bourse de New York gardait aussi en tête la crise ukrainienne et l'impact qu'elle a déjà eu sur les prix de l'énergie, avec un pétrole au plus haut depuis plus de sept ans.
"Une forte hausse des prix de l'énergie va ralentir l'économie fortement, que ce soit en Europe ou ici", prévient le gérant. "Et le marché a peur que la Fed agisse les yeux fermés pendant quelque temps, sans voir que l'économie est en train de ralentir."
Au tableau des valeurs, la nouvelle vague de résultats d'entreprises offrait, là aussi, un panorama contrasté, avec des chiffres souvent de haute tenue mais des prévisions parfois décevantes et, dans certains cas, des marges érodées.
En vedette, Apple surfait sur ses résultats record (+3,28% à 164,44 dollars), meilleurs qu'attendu malgré des difficultés d'approvisionnement.
Le pire semble passé en la matière pour le géant à la pomme, qui table sur de moindres perturbations ce trimestre que le précédent.
Le pétrolier Chevron a lui manqué la cible en matière de bénéfice, même si ses revenus ont été meilleurs qu'attendus.
Malgré un bénéfice de 15,6 milliards de dollars et une production record en 2021, le titre reculait (-4,17% à 129,73 dollars), certains investisseurs prenant leurs bénéfices après la forte progression de ces dernières semaines.
Egalement boudé (-4,23% à 203,20 dollars), Caterpillar. Le fabricant américain d'engins de chantier, équipement et matériel, a publié un bénéfice meilleur qu'anticipé, mais Wall Street lui tenait rigueur de marges dégradées, liées à la forte augmentation de ses coûts.
Déjà symbole de la correction du marché depuis plus d'un mois, la plateforme de courtage Robinhood s'enfonçait encore davantage dans les profondeurs (-3,83% à 11,16 dollars), punie après des résultats inquiétants.
L'entreprise symbole de l'enthousiasme des petits porteurs pour la Bourse durant la pandémie perd des utilisateurs actifs et a vu le revenu généré par utilisateur reculer de 39% sur un an.
Globalement, les valeurs technologiques et de croissance cédaient de nouveau du terrain, à l'image d'Intel (-3,19%), AMD (-1,99%) ou Nvidia (-2,11%).
Comme la veille, le secteur des véhicules électriques faisait aussi l'objet de ventes, à l'instar de Tesla (-1,23%), Lucid (-6,90%), Nikola (-1,22%) ou Rivian (-4,25%).
La rotation de portefeuille s'opérait au bénéfice des titres de l'industrie traditionnelle, comme US Steel (+5,76) et Cleveland-Cliffs (+0,56%), ou le géant américain des produits chimiques Dow (+0,45%).
Le spécialiste des cartes de crédit Visa sortait aussi du lot (+7,15% à 220,88 dollars) après avoir publié des résultats meilleurs que les prévisions des analystes et grâce à des commentaires optimistes sur la trajectoire de l'économie en sortie de pandémie.
(K.Lüdke--BBZ)