Berliner Boersenzeitung - Après la surprise des législatives, la gauche revendique Matignon

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Après la surprise des législatives, la gauche revendique Matignon
Après la surprise des législatives, la gauche revendique Matignon / Photo: Olympia DE MAISMONT - AFP

Après la surprise des législatives, la gauche revendique Matignon

Arrivée en tête des législatives, mais loin de la majorité absolue, la gauche assure lundi qu'elle proposera "dans la semaine" un nom pour Matignon, tandis que les macronistes continuent de croire à une coalition autour de leur "bloc central".

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Aucun camp ne semble en mesure de gouverner seul: ni le Nouveau Front populaire (autour de 190 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le RN et ses alliés (plus de 140 sièges) n'ont obtenu la majorité absolue à l'Assemblée nationale (289 députés).

Prenant acte de ce résultat, le Premier ministre sortant Gabriel Attal doit remettre sa démission à Emmanuel Macron en fin de matinée. Le chef de l'Etat n'a toutefois rien laissé filtrer de ses intentions et pourrait très bien demander au gouvernement de rester en place en attendant que la situation politique se décante.

Mais la gauche met déjà la pression. La cheffe des écologistes Marine Tondelier a ainsi estimé sur RTL qu'Emmanuel Macron "devrait appeler aujourd'hui" la gauche "à lui transmettre un nom de Premier ministre".

Le socialiste Olivier Faure a pour sa part souhaité sur franceinfo que le NFP "puisse être en mesure de présenter une candidature" pour Matignon "dans la semaine".

Plus affirmative, l'insoumise Mathilde Panot a affirmé sur RTL que la gauche "proposera un Premier ministre et un gouvernement cette semaine" et jugé que son leader controversé Jean-Luc Mélenchon "n'est absolument pas disqualifié" pour le poste.

Point de vue que ne partagent pas ses alliés, alors que les rapports de force ont évolué au sein de l'alliance de gauche où LFI est moins hégémonique, avec environ 75 députés contre une soixantaine aux socialistes, une trentaine aux écologistes et une dizaine aux communistes. Il faudra aussi compter sur les "frondeurs" de LFI en plein divorce avec leur parti, comme Clémentine Autain et François Ruffin, qui ne siègeront plus avec leurs anciens collègues.

- "Des gens raisonnables" -

Son coordinateur Manuel Bompard a confirmé sur France 2 que les tractations entamées dimanche soir vont se poursuivre lundi et qu'"ensuite il y aura une proposition", qui ne passera "pas forcément (par) un vote" interne mais peut-être par "un consensus".

Pendant ce temps, le camp macroniste continue de plaider pour une coalition. "J'y crois plus que jamais", a même affirmé Yaël-Braun Pivet sur France 2. L'ex-présidente de l'Assemblée nationale n'envisage toutefois de gouverner qu'avec "des personnes qui partagent (ses) valeurs et (ses) objectifs, ce n'est ni le cas de LFI ni le cas du RN".

La députée Renaissance Maud Bregeon a elle exclu sur BFMTV de "participer à une coalition qui intégrerait LFI ou EELV". Plus restrictive encore, sa collègue Aurore Bergé a espéré sur RTL "trouver des gens raisonnables" pour "partager un projet qui ne soit ni celui du RN ni celui du NFP", avant de tendre une perche à la soixantaine de députés Républicains: "Est-ce qu'ils veulent rester une force d'opposition systématique ?".

Un élargissement à droite mal engagé puisque Laurent Wauquiez, de retour sur la scène nationale avec son élection en Haute-Loire, a prévenu dimanche soir qu'il "n'y aura ni coalition ni compromission" de la part de LR.

Le patron du Modem François Bayrou a pour sa part jugé "possible" de constituer une majorité sans RN ni LFI, et semblé miser sur une division de la gauche, en pointant sur France Inter "des attitudes et des choix politiques incompatibles" au sein du NFP.

Des calculs contestés par Marine Tondelier: "Ceux qui nous expliquent qu'ils vont faire une majorité sans LFI n'ont pas eu les mêmes profs de maths que moi (...) Je ne vois pas comment c'est possible", a relevé l'écologiste.

- "Il va falloir parler" -

Quitte à apporter de l'eau au moulin du Rassemblement national, qui malgré "une certaine frustration" reconnue par Laure Lavalette sur France 2, continue de dénoncer avec véhémence "l'alliance contre nature" et "déshonorante" des deux autres blocs.

Emmanuel Macron doit "décider s'il doit nommer un Premier ministre d'extrême gauche, et ensuite bon courage pour le vote de la confiance, bon courage pour construire un budget", a renchéri le vice-président du parti d'extrême droite, Sébastien Chenu, sur France Inter.

Le programme du NFP, de l'abrogation de la réforme des retraites au Smic à 1.600 euros net, paraît cependant peu compatible avec les ambitions du camp présidentiel.

Jean-Luc Mélenchon s'est pourtant montré inflexible dimanche soir, affirmant qu'Emmanuel Macron devait "s'en aller ou nommer un Premier ministre" issu du Nouveau Front populaire. A l'opposé du social-démocrate Raphaël Glucksmann qui a admis qu'"il va falloir parler, il va falloir discuter, il va falloir dialoguer" face à cette Assemblée "divisée".

Une Assemblée où des discussions vont vite débuter pour la répartition des groupes politiques et l'attribution des postes clés, avec l'élection de son futur président le 18 juillet. La sortante Yaël Braun-Pivet, réélue dans les Yvelines, continue de croire au perchoir.

En attendant, les portes du Palais Bourbon ouvrent officiellement à 14H00 lundi pour accueillir une partie des 577 députés de la nouvelle législature... Tous ne seront pas au rendez-vous: les Insoumis, par exemple, ont prévu de venir ensemble mardi à 10h00.

(A.Lehmann--BBZ)